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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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volontaire de l’amitié ! Messieurs, moi seul je puis avoir d’importantssecrets : c’est le chef d’une <strong>conjuration</strong> qui laconnaît ; mettez-moi seul à la question, si nous devons être icitraités <strong>com</strong>me les plus vils malfaiteurs.– Par charité, messieurs, reprenait de Thou, ne me privez pasdes mêmes douleurs que lui ; je ne l’ai pas suivi si loin pourl’abandonner à cette heure précieuse, et ne pas faire tous mesefforts pour l’ac<strong>com</strong>pagner jusque dans le ciel.Pendant ce débat, il s’en était engagé un autre entre Laubardemontet Joseph ; celui-ci, craignant que la douleur n’arrachâtle récit de son entretien, n’était pas d’avis de donner la question; l’autre, ne trouvant pas son triomphe <strong>com</strong>plété par lamort, l’exigeait impérieusement. Les juges entouraient et écoutaientces deux ministres secrets du grand ministre ; cependant,plusieurs choses leur ayant fait soupçonner que le créditdu capucin était plus puissant que celui du juge, ils penchaientpour lui, et se décidèrent à l’humanité quand il finit par ces parolesprononcées à voix basse :– Je connais leurs secrets ; nous n’avons pas besoin de les savoir,parce qu’ils sont inutiles et qu’ils vont trop haut. M. leGrand n’a à dénoncer que le Roi, et l’autre la Reine ; c’est cequ’il vaut mieux ignorer. D’ailleurs, ils ne parleraient pas ; jeles connais, ils se tairaient, l’un par orgueil, l’autre par piété.Laissons-les : la torture les blessera ; ils seront défigurés et nepourront plus marcher ; cela gâtera toute la cérémonie ; il fautles conserver pour paraître.Cette dernière considération prévalut : les juges se retirèrentpour aller délibérer avec le chancelier. En sortant, Joseph dit àLaubardemont :– Je vous ai laissé assez de plaisir ici : maintenant vous allezavoir encore celui de délibérer, et vous irez interroger troisprévenus dans la tour du Nord.C’étaient les trois juges d’Urbain Grandier.Il dit, rit aux éclats, et sortit le dernier, poussant devant lui lemaître des requêtes ébahi.À peine le sombre tribunal eut-il défilé, que Grandchamp, délivréde ses deux estafiers, se précipita vers son maître, et, luisaisissant la main, lui dit :– Au nom du ciel, venez sur la terrasse, monseigneur, je vousmontrerai quelque chose ; au nom de votre mère, venez…332

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