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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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– Il a dit de les pendre tous les deux.– Doucement ! doucement ! s’écria <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> en faisant desefforts pour marcher.Mais il ne put s’appuyer sur sa jambe.– Mets-moi à cheval, Grandchamp.– Monsieur, vous n’y pensez pas, votre blessure…– Fais ce que je te dis, et montes-y toi-même ensuite.Le vieux domestique, tout en grondant, obéit et courut,d’après un autre ordre très-absolu, arrêter les Suisses, déjàdans la plaine, prêts à suspendre leurs prisonniers à un arbre,ou plutôt à les laisser s’y attacher ; car l’officier, avec le sangfroidde son énergique nation, avait passé lui-même autour deson cou le nœud coulant d’une corde, et montait, sans en êtreprié, à une petite échelle appliquée à l’arbre pour y nouerl’autre bout. Le soldat, avec le même calme insouciant, regardaitles Suisses se disputer autour de lui, et tenait l’échelle.<strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> arriva à temps pour les sauver, se nomma au basofficiersuisse, et, prenant Grandchamp pour interprète, ditque ces deux prisonniers étaient à lui, et qu’il allait les faireconduire à sa tente ; qu’il était capitaine aux gardes, et s’enrendait responsable. L’Allemand, toujours discipliné, n’osa répliquer; il n’y eut de résistance que de la part du prisonnier.L’officier, encore au haut de l’échelle, se retourna, et parlantde là <strong>com</strong>me d’une chaire, dit avec un rire sardonique :– Je voudrais bien savoir ce que tu viens faire ici ? Qui t’a ditque j’aime à vivre ?– Je ne m’en informe pas, dit <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>, peu m’importe ceque vous deviendrez après ; je veux dans ce moment empêcherun acte qui me paraît injuste et cruel. Tuez-vous ensuite si vousvoulez.– C’est bien dit, reprit l’Espagnol farouche ; tu me plais, toi.J’ai cru d’abord que tu venais faire le généreux pour me forcerd’être reconnaissant, ce que je déteste. Eh bien, je consens àdescendre ; mais je te haïrai autant qu’auparavant, parce quetu es Français, je t’en préviens, et je ne te remercierai pas, cartu ne fais que t’acquitter envers moi : c’est moi-même qui t’aiempêché ce matin d’être tué par ce jeune soldat, quand il temit en joue, et il n’a jamais manqué un isard dans les montagnesde Léon.– Soit, dit <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>, descendez.137

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