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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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– Dois-je en avoir de plus grandes ? Ô mon ami ! de quel ton,avec quelle voix me parlez-vous ! êtes-vous fâché parce que jesuis venue trop tard ?– Trop tôt madame, beaucoup trop tôt, pour les choses quevous devez entendre, car je vous en vois bien éloignée.Marie, affligée de l’accent sombre et amer de sa voix, se prità pleurer.– Hélas ! mon Dieu ! qu’ai-je donc fait, dit-elle, pour que vousm’appeliez madame et me traitiez si durement ?– Ah ! rassurez-vous, reprit <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>, mais toujours avecironie. En effet, vous n’êtes pas coupable ; mais je le suis, jesuis seul à l’être ; ce n’est pas envers vous, mais pour vous.– Avez-vous donc fait du mal ? Avez-vous ordonné la mort dequelqu’un ? Oh ! non, j’en suis bien sûre, vous êtes si bon !– Eh quoi ! dit <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>, n’êtes-vous pour rien dans mesprojets ? ai-je mal <strong>com</strong>pris votre pensée lorsque vous me regardiezchez la Reine ? ne sais-je plus lire dans vos yeux ? le feuqui les animait était-ce un grand amour pour Richelieu ? cetteadmiration que vous promettiez à celui qui oserait tout dire auRoi, qu’est-elle devenue ? Est-ce un mensonge que tout cela ?Marie fondait en larmes.– Vous me parlez toujours d’un air contraint, dit-elle ; je nel’ai point mérité. Si je ne vous dis rien de cette <strong>conjuration</strong>effrayante, croyez-vous que je l’oublie ? ne me trouvez-vouspas assez malheureuse ? avez-vous besoin de voir mes pleurs ?les voilà. J’en verse assez en secret, Henry ; croyez que si j’aiévité, dans nos dernières entrevues, ce terrible sujet, c’était decrainte d’en trop apprendre : ai-je une autre pensée que cellede vos dangers ? ne sais-je pas bien que c’est pour moi quevous les courez ? Hélas ! si vous <strong>com</strong>battez pour moi, n’ai-jepas aussi à soutenir des attaques non moins cruelles ? Plusheureux que moi, vous n’avez à <strong>com</strong>battre que la haine, tandisque je lutte contre l’amitié : le Cardinal vous opposera deshommes et des armes ; mais la Reine, la douce Anned’Autriche, n’emploie que de tendres conseils, des caresses, etquelquefois des larmes.– Touchante et invincible contrainte, dit <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> avecamertume, pour vous faire accepter un trône. Je conçois quevous ayez besoin de quelques efforts contre de telles270

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