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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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<strong>com</strong>me il était, Dieu merci, aussi bon soldat que général, ilavait toujours soin de ses armes <strong>com</strong>me le premier lansquenetvenu, et il n’aurait pas été seul contre trente jeunes gaillardsavec une petite épée de bal.<strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> sentait fort bien les pesantes épigrammes du bonhomme,et craignait qu’il ne l’eût suivi plus loin que le bois deChaumont ; mais il ne voulait pas l’apprendre, de peur d’avoirdes explications à donner, ou un mensonge à faire ; ou le silenceà ordonner, ce qui eût été un aveu et une confidence, ilprit le parti de piquer son cheval et de passer devant son vieuxdomestique ; mais celui-ci n’avait pas fini, et, au lieu de marcherà la droite de son maître, il revint à sa gauche et continuala conversation.– Croyez-vous, monsieur, par exemple, que je me permettede vous laisser aller où vous voulez sans vous suivre ? Non,monsieur, j’ai trop avant dans l’âme le respect que je dois àmadame la marquise pour me mettre dans le cas de m’entendredire : « Grandchamp, mon fils a été tué d’une balle oud’un coup d’épée ; pourquoi n’étiez-vous pas devant lui ? » oubien : « Il a reçu un coup de stylet d’un Italien, parce qu’il allaitla nuit <strong>sous</strong> la fenêtre d’une grande princesse ; pourquoin’avez-vous pas arrêté l’assassin ? » Cela serait fort désagréablepour moi, monsieur, et jamais on n’a rien eu de cegenre à me reprocher. <strong>Une</strong> fois M. le maréchal me prêta à sonneveu, M. le <strong>com</strong>te, pour faire une campagne dans les Pays-Bas, parce que je sais l’espagnol ; eh bien, je m’en suis tiréavec honneur, <strong>com</strong>me je le fais toujours. Quand M. le <strong>com</strong>te reçutson boulet dans le bas-ventre, je ramenai moi seul ses chevaux,ses mulets, sa tente et tout son équipage sans qu’il manquâtun mouchoir, monsieur ; et je puis vous assurer que leschevaux étaient aussi bien pansés et harnachés, en rentrant àChaumont, que si M. le <strong>com</strong>te eût été prêt à partir pour lachasse. Aussi n’ai-je reçu que des <strong>com</strong>pliments et des chosesagréables de toute la famille, <strong>com</strong>me j’aime à m’en entendredire.– C’est très-bien, mon ami, dit Henry d’Effiat, je te donneraipeut-être un jour des chevaux à ramener ; mais, en attendant,prends donc cette grande bourse d’or que j’ai pensé perdredeux ou trois fois, et tu payeras pour moi partout ; cela m’ennuietant !…72

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