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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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– Eh ! mon enfant, c’est toujours lui qui nous perd ; mais ilnous instruit mal, dit Richelieu avec l’air d’une protection paternelleet d’une pitié croissante. Quelles ont été vos fautes ?dites-les-moi ; je peux beaucoup.– Ah ! dit-elle d’un air de doute, vous pouvez beaucoup surdes guerriers, sur des hommes braves et généreux ; <strong>sous</strong> votrecuirasse doit battre un noble cœur ; vous êtes un vieux général,qui ne savez rien des ruses du crime.Richelieu sourit, cette méprise le flattait.– Je vous ai entendu demander le Cardinal ; que lui voulezvousenfin ? Qu’êtes-vous venue chercher ?La religieuse se recueillit et mit un doigt sur son front.– Je ne m’en souviens plus, dit-elle, vous m’avez trop parlé…J’ai perdu cette idée, c’était pourtant une grande idée… C’estpour elle que je suis condamnée à la faim qui me tue ; il fautque je l’ac<strong>com</strong>plisse : ou je vais mourir avant. Ah ! dit-elle enportant la main <strong>sous</strong> sa robe dans son sein, où elle parutprendre quelque chose, la voilà, cette idée…Elle rougit tout à coup, et ses yeux s’ouvrirent extraordinairement; elle continua en se penchant à l’oreille du Cardinal :– Je vais vous le dire, écoutez : Urbain Grandier, mon amantUrbain, m’a dit cette nuit que c’était Richelieu qui l’avait faitpérir ; j’ai pris un couteau dans une auberge, et je viens icipour le tuer, dites-moi où il est.Le Cardinal, effrayé et surpris, recula d’horreur. Il n’osait appelerses gardes, craignant les cris de cette femme et ses accusations; et cependant un emportement de cette folie pouvaitlui devenir fatal.– Cette histoire affreuse me poursuivra donc partout !s’écria-t-il en la regardant fixement, cherchant dans son espritle parti qu’il devait prendre.Ils demeurèrent en silence l’un en face de l’autre dans lamême attitude, <strong>com</strong>me deux lutteurs qui se contemplent avantde s’attaquer, ou <strong>com</strong>me le chien d’arrêt et sa victime pétrifiéspar la puissance du regard.Cependant Laubardemont et Joseph étaient sortis ensemble,et, avant de se séparer, ils se parlèrent un moment devant latente du Cardinal, parce qu’ils avaient besoin de se trompermutuellement ; leur haine venait de prendre des forces dansleur querelle ; et chacun avait résolu de perdre son rival près153

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