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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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toujours ces pauvres étrangers avec ce petit air boudeur, et enfaisant la moue <strong>com</strong>me à présent.Anne d’Autriche donnait en parlant un petit coup d’éventailsur les lèvres de Marie, qui ne put s’empêcher de sourire aussi; mais à l’instant elle baissa la tête en se le reprochant, et serecueillit pour reprendre sa tristesse qui <strong>com</strong>mençait à luiéchapper. Elle eut même besoin de contempler encore les grosnuages qui planaient sur le château.– Pauvre enfant, continua la Reine, tu fais tout ce que tu peuxpour être bien fidèle et te bien maintenir dans la mélancolie deton roman ; tu te fais mal en ne dormant plus pour pleurer, eten cessant de manger à table ; tu passes la nuit à rêver ou àécrire ; mais, je t’en avertis, tu ne réussiras à rien, si ce n’est àmaigrir, à être moins belle et à n’être pas reine. Ton <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>est un petit ambitieux qui s’est perdu.Voyant Marie cacher sa tête dans son mouchoir pour pleurerencore, Anne d’Autriche rentra un moment dans sa chambre enla laissant au balcon, et feignit de s’occuper à chercher des bijouxdans sa toilette ; elle revint bientôt lentement et gravementse remettre à la fenêtre ; Marie était plus calme, et regardaittristement la campagne, les collines de l’horizon, etl’orage qui s’étendait peu à peu.La Reine reprit avec un ton plus grave :– Dieu a eu plus de bonté pour vous que vos imprudences nele méritaient peut-être, Marie ; il vous a sauvée d’un grand péril; vous aviez voulu faire de grands sacrifices, mais heureusementils ne sont pas ac<strong>com</strong>plis <strong>com</strong>me vous l’aviez cru. L’innocencevous a sauvée de l’amour ; vous êtes <strong>com</strong>me une personnequi, croyant se donner un poison mortel, n’aurait prisqu’une eau pure et sans danger.– Hélas ! Madame, que voulez-vous me dire ? ne suis-je pasassez malheureuse ?– Ne m’interrompez pas, dit la Reine ; vous allez voir avecd’autres yeux votre position présente. Je ne veux point vous accuserd’ingratitude envers le Cardinal ; j’ai trop de raisons dene pas l’aimer ! j’ai moi-même vu naître la <strong>conjuration</strong>. Cependantvous pourriez, ma chère, vous rappeler qu’il fut le seul enFrance à vouloir, contre l’avis de la Reine mère et de la cour, laguerre du duché de Mantoue, qu’il arracha à l’Empire et à l’Espagneet rendit au duc de Nevers votre père ; ici, dans ce290

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