13.07.2015 Views

Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

n’écoutait qu’avec le regard et le sourire les conseils du jeunemagistrat, et rêvait au but de son voyage, qui était aussi le butde sa vie. Le grave de Thou lui disait d’une voix calme etdouce :– Je vous suivrai bientôt à Paris. Je suis heureux plus quevous-même de voir le Roi vous y mener avec lui ; c’est un <strong>com</strong>mencementd’amitié qu’il faut ménager, vous avez raison. J’airéfléchi bien profondément aux causes secrètes de votre ambition,et je crois avoir deviné votre cœur. Oui, ce sentimentd’amour pour la France, qui le faisait battre dans votre premièrejeunesse, a dû y prendre des forces plus grandes ; vousvoulez approcher le Roi pour servir votre pays, pour mettre enaction ces songes dorés de nos premiers ans. Certes, la penséeest vaste et digne de vous ! Je vous admire ; je m’incline ! Abordezle monarque avec le dévouement chevaleresque de nospères, avec un cœur plein de candeur et prêt à tous les sacrifices.Recevoir les confidences de son âme, verser dans lasienne celles de ses sujets, adoucir les chagrins du Roi en luiapprenant la confiance de son peuple en lui, fermer les plaiesdu peuple en les découvrant à son maître, et, par l’entremisede votre faveur, rétablir ainsi ce <strong>com</strong>merce d’amour du pèreaux enfants, qui fut interrompu pendant dix-huit ans par unhomme au cœur de marbre ; s’exposer pour cette noble entrepriseà toutes les horreurs de sa vengeance, et bien plus encorebraver les calomnies perfides qui poursuivent le favorijusque sur les marches du trône : ce songe était digne de vous.Poursuivez, mon ami, ne soyez jamais découragé ; parlez hautementau Roi du mérite et des malheurs de ses plus illustresamis que l’on écrase ; dites-lui sans crainte que sa vieille Noblessen’a jamais conspiré contre lui ; et que, depuis le jeuneMontmorency jusqu’à cet aimable <strong>com</strong>te de Soissons, tousavaient <strong>com</strong>battu le ministre, et jamais le monarque ; dites-luique les vieilles races de France sont nées avec sa race, qu’enles frappant il remue toute la nation, et que, s’il les éteint, lasienne en souffrira, qu’elle demeurera seule exposée au souffledu temps et des événements, <strong>com</strong>me un vieux chêne frissonneet s’ébranle au vent de la plaine, lorsque l’on a renversé la forêtqui l’entoure et le soutient. – Oui, s’écria de Thou en s’animant,ce but est noble et beau ; marchez dans votre route d’unpas inébranlable, chassez même cette honte secrète, cette160

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!