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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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pleurant sur notre vie ? Serait-ce lorsque tu viens t’agenouillerdevant moi-même au tribunal de la pénitence, et que, parlanten présence de Dieu, tu ne peux rien trouver de mal à me révéler,tant j’ai soutenu ton âme dans les régions pures du ciel ?Qui pourrait donc offenser notre Créateur ? Peut-être, oui,peut-être seulement, je le croîs, quelque esprit du ciel auraitpu m’envier ma félicité, lorsqu’au jour de Pâques je te vis prosternéedevant moi, épurée par de longues austérités du peu desouillure qu’avait pu laisser en toi la tache originelle. Que tuétais belle ! ton regard cherchait ton Dieu dans le ciel, et mamain tremblante l’apporta sur tes lèvres pures que jamais lèvrehumaine n’osa effleurer. Être angélique, j’étais seul à partagerles secrets du Seigneur, ou plutôt l’unique secret de la puretéde ton âme ; je t’unissais à ton Créateur, qui venait de descendreaussi dans mon sein. Hymen ineffable dont l’Éternel futle prêtre lui-même, vous étiez seul permis entre la Vierge et lePasteur ; la seule volupté de chacun de nous fut de voir uneéternité de bonheur <strong>com</strong>mencer pour l’autre, et de respirer ensembleles parfums du ciel, de prêter déjà l’oreille à sesconcerts, et d’être sûrs que nos âmes dévoilées à Dieu seul et ànous étaient dignes de l’adorer ensemble.« Quel scrupule pèse encore sur ton âme, ô ma sœur ? Necrois-tu pas que j’aie rendu un culte trop grand à ta vertu ?crains-tu qu’une si pure admiration ne m’ait détourné de celledu Seigneur ?… »Houmain en était là quand la porte par laquelle étaient sortisles témoins s’ouvrit tout à coup. Les juges, inquiets, se parlèrentà l’oreille. Laubardemont, incertain, fit signe aux pèrespour savoir si c’était quelque scène exécutée par leur ordre ;mais, étant placés à quelque distance de lui, et surpris euxmêmes,ils ne purent lui faire entendre que ce n’était point euxqui avaient préparé cette interruption. D’ailleurs, avant queleurs regards eussent été échangés, l’on vit, à la grande stupéfactionde l’assemblée, trois femmes en chemise, pieds nus, lacorde au cou, un cierge à la main, s’avancer jusqu’au milieu del’estrade. C’était la supérieure, suivie des sœurs Agnès etClaire. Toutes deux pleuraient ; la supérieure était fort pâle,mais son port était assuré et ses yeux fixes et hardis : elle semit à genoux ; ses <strong>com</strong>pagnes l’imitèrent ; tout fut si troubléque personne ne songea à l’arrêter, et d’une voix claire et56

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