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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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d’émeraude ; le ciel était d’azur, les flots d’un jaune transparent,les îles d’un vert plein d’éclat ; derrière leurs têtes arrondies,on voyait s’élever les grandes voiles latines des bateauxmarchands <strong>com</strong>me une flotte en embuscade. – Ô nature, nature! se disait-il, belle nature, adieu ! Bientôt mon cœur ne seraplus assez simple pour te sentir, et tu ne plairas plus qu’àmes yeux ; ce cœur est déjà brûlé par une passion profonde, etle récit des intérêts des hommes y jette un trouble inconnu : ilfaut donc entrer dans ce labyrinthe ; je m’y perdrai peut-être,mais pour Marie…Se réveillant alors au mot de sa mère, et craignant de montrerun regret trop enfantin de son beau pays et de sa famille :– Je songeais, madame, à la route que je vais prendre pour allerà Perpignan, et aussi à celle qui me ramènera chez vous.– N’oubliez pas de prendre celle de Poitiers et d’aller à Loudunvoir votre ancien gouverneur, notre bon abbé Quillet ; ilvous donnera d’utiles conseils sur la cour, il est fort bien avecle duc de Bouillon ; et, d’ailleurs, quand il ne vous serait pastrès-nécessaire, c’est une marque de déférence que vous luidevez bien.– C’est donc au siège de Perpignan que vous vous rendez,mon ami ? répondit le vieux maréchal, qui <strong>com</strong>mençait à trouverqu’il était resté bien longtemps dans le silence. Ah ! c’estbien heureux pour vous. Peste ! un siège ! c’est un joli début :j’aurais donné bien des choses pour en faire un avec le feu roià mon arrivée à sa cour ; j’aurais mieux aimé m’y faire arracherles entrailles du ventre qu’à un tournoi, <strong>com</strong>me je fis.Mais on était en paix, et je fus obligé d’aller faire le coup depistolet contre les Turcs avec le Rosworm des Hongrois, pourne pas affliger ma famille par mon désœuvrement. Du reste, jesouhaite que Sa Majesté vous reçoive d’une manière aussi aimableque son père me reçut. Certes, le roi est brave et bon ;mais on l’a habitué malheureusement à cette froide étiquetteespagnole qui arrête tous les mouvements du cœur ; il contientlui-même et les autres par cet abord immobile et cet aspect deglace : pour moi, j’avoue que j’attends toujours l’instant du dégel,mais en vain. Nous étions accoutumés à d’autres manièrespar ce spirituel et simple Henry, et nous avions du moins la libertéde lui dire que nous l’aimions.20

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