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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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par celui qu’il avait vaincu avec vous ? Dirai-je à ces messieursla joie du Comte-Duc 14 à la nouvelle de nos dispositions, et leslettres du Cardinal-Infant au duc de Bouillon ? Parlerai-je deParis à l’abbé de Gondi, à d’Entraigues, et à vous, messieurs,qui voyez tous les jours son malheur, son indignation et son besoind’éclater ? Tandis que tous les royaumes étrangers demandentla paix, que le Cardinal de Richelieu détruit toujourspar sa mauvaise foi (<strong>com</strong>me il l’a fait en rompant le traité deRatisbonne), tous les ordres de l’État gémissent de ses violenceset redoutent cette colossale ambition, qui ne tend pasmoins qu’au trône temporel et même spirituel de la France.Un murmure approbateur interrompit <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>. On se tutun moment, et l’on entendit le son des instruments à vent et letrépignement mesuré du pied des danseurs.Ce bruit causa un instant de distraction et quelques riresdans les plus jeunes gens de rassemblée.<strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> en profita, et levant les yeux :– Plaisirs de la jeunesse, s’écria-t-il, amours, musique, dansesjoyeuses, que ne remplissez-vous seuls nos loisirs ! que n’êtesvousnos seules ambitions ! Qu’il nous faut de ressentimentspour que nous venions faire entendre nos cris d’indignation àtravers les éclats de la joie, nos redoutables confidences dansl’asile des entretiens du cœur, et nos serments de guerre et demort au milieu de l’enivrement des fêtes de la vie !Malheur à celui qui attriste la jeunesse d’un peuple ! Quandles rides sillonnent le front de l’adolescent, on peut dire hardimentque le doigt d’un tyran les a creusées. Les autres peinesdu jeune âge lui donnent le désespoir, et non la consternation.Voyez passer en silence, chaque matin, ces étudiants tristes etmornes, dont le front est jauni, dont la démarche est lente et lavoix basse ; on croirait qu’ils craignent de vivre et de faire unpas vers l’avenir. Qu’y a-t-il donc en France ? Un homme detrop.Oui, continua-t-il, j’ai suivi pendant deux années la marcheinsidieuse et profonde de son ambition. Ses étranges procédures,ses <strong>com</strong>missions secrètes, ses assassinats juridiques,vous sont connus : princes, pairs, maréchaux, tout a été écrasépar lui ; il n’y a pas une famille de France qui ne puisse montrerquelque trace douloureuse de son passage. S’il nous14.D’Olivarès, <strong>com</strong>te-duc de San-Lucar.260

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