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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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Les secrétaires redoublaient de silence et d’ardeur, lorsque,la porte s’ouvrant rapidement de chaque côté, on vit paraîtredebout, entre les deux battants, un capucin qui, s’inclinant lesbras croisés sur la poitrine, semblait attendre l’aumône oul’ordre de se retirer. Il avait un teint rembruni, profondémentsillonné par la petite vérole ; des yeux assez doux, mais un peulouches et toujours couverts par des sourcils qui se joignaientau milieu du front ; une bouche dont le sourire était rusé, malfaisantet sinistre ; une barbe plate et rousse à l’extrémité, etle costume de l’ordre de Saint-François dans toute son horreur,avec des sandales et des pieds nus qui paraissaient fort indignesde s’essuyer sur un tapis.Tel qu’il était, ce personnage parut faire une grande sensationdans toute la salle ; car, sans achever la phrase, la ligne oule mot <strong>com</strong>mencé, chaque écrivain se leva et sortit par laporte, où il se tenait toujours debout, les uns le saluant en passant,les autres détournant la tête, les jeunes pages se bouchantle nez, mais par derrière lui, car ils paraissaient en avoirpeur en secret. Lorsque tout le monde eut défilé, il entra enfin,faisant une profonde révérence, parce que la porte était encoreouverte ; mais sitôt qu’elle fut fermée, marchant sans cérémonie,il vint s’asseoir auprès du Cardinal, qui, l’ayant reconnu aumouvement qui se faisait, lui fit une inclination de tête sèche etsilencieuse, le regardant fixement <strong>com</strong>me pour attendre unenouvelle, et ne pouvant s’empêcher de froncer le sourcil,<strong>com</strong>me à l’aspect d’une araignée ou de quelque autre animaldésagréable.Le Cardinal n’avait pu résister à ce mouvement de déplaisir,parce qu’il se sentait obligé, par la présence de son agent, àrentrer dans ces conversations profondes et pénibles dont ils’était reposé pendant quelques jours dans un pays dont l’airpur lui était favorable, et dont le calme avait un peu ralenti lesdouleurs de sa maladie ; elle s’était changée en une fièvrelente ; mais ses intervalles étaient assez longs pour qu’il pûtoublier, pendant son absence, qu’elle devait revenir. Donnantdonc un peu de repos à son imagination jusqu’alors infatigable,il attendait sans impatience, pour la première fois de ses jourspeut-être, le retour des courriers qu’il avait fait partir danstoutes les directions, <strong>com</strong>me les rayons d’un soleil qui donnaitseul la vie et le mouvement à la France. Il ne s’attendait pas à82

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