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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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Fiesque, vous l’y verrez lui-même. Il ne sera rien tant que jevivrai.– Eh quoi ! vous jugez si bien, et vous faites venir un autreambitieux de son âge ?– Quelle différence ! Ce sera une poupée, mon ami, une vraiepoupée, que ce jeune <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> ; il ne pensera qu’à sa fraiseet à ses aiguillettes ; sa jolie tournure m’en répond, et je saisqu’il est doux et faible. Je l’ai préféré pour cela à son frère aîné; il fera ce que nous voudrons.– Ah ! monseigneur, dit le père d’un air de doute, je ne mesuis jamais fié aux gens dont les formes sont si calmes, laflamme intérieure en est plus dangereuse. Souvenez-vous dumaréchal d’Effiat, son père.– Mais, encore une fois, c’est un enfant, et je l’élèverai ; aulieu que le Gondi est déjà un factieux ac<strong>com</strong>pli, un audacieuxque rien n’arrête ; il a osé me disputer madame de LaMeilleraie, concevez-vous cela ? est-ce croyable, à moi ? un petitprestolet, qui n’a d’autre mérite qu’un mince babil assez vifet un air cavalier. Heureusement que le mari a pris soin luimêmede l’éloigner.Le père Joseph, qui n’aimait pas mieux son maître lorsqu’ilparlait de ses bonnes fortunes que de ses vers, fit une grimacequ’il voulait rendre fine et qui ne fut que laide et gauche : ils’imagina que l’expression de sa bouche tordue, <strong>com</strong>me celled’un singe, voulait dire : Ah ! qui peut résister a monseigneur ?mais monseigneur y lut : Je suis un cuistre qui ne sais rien dugrand monde, et, sans transition, il dit tout à coup, en prenantsur la table une lettre de dépêches :– Le duc de Rohan est mort, c’est une bonne nouvelle ; voilàles huguenots perdus. Il a eu bien du bonheur : je l’avais faitcondamner par le parlement de Toulouse à être tiré à quatrechevaux, et il meurt tranquillement sur le champ de bataille deRheinfeld. Mais qu’importe ? le résultat est le même. Voilà encoreune grande tête par terre ! Comme elles sont tombées depuiscelle de Montmorency ! Je n’en vois plus guère qui ne s’inclinentdevant moi. Nous avons déjà à peu près puni toutes nosdupes de Versailles ; certes, on n’a rien à me reprocher :j’exerce contre eux la loi du talion, et je les traite <strong>com</strong>me ilsont voulu me faire traiter au conseil de la Reine mère. Le vieuxradoteur de Bassompierre en sera quitte pour la prison88

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