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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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– Rarement, madame, dit la jeune duchesse avec un peu defierté, et toujours dans une église et en présence d’un prêtre,devant qui j’ai promis de n’être qu’à M. de <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>.– Est-ce bien là un mariage ? a-t-on bien osé le faire ? je m’eninformerai. Mais, bon Dieu ! que de fautes, que de fautes, monenfant, dans le peu de mots que j’entends ! Laissez-moi y rêver.Et, se parlant tout haut à elle-même, la Reine poursuivit, lesyeux et la tête baissés, dans l’attitude de la réflexion :– Les reproches sont inutiles et cruels si le mal est fait : lepassé n’est plus à nous, pensons au reste du temps. <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>est bien par lui-même, brave, spirituel, profond même dans sesidées ; je l’ai observé, il a fait en deux ans bien du chemin, et jevois que c’était pour Marie… Il se conduit bien ; il est digne,oui, il est digne d’elle à mes yeux ; mais, à ceux de l’Europe,non. Il faut qu’il s’élève davantage encore : la princesse deMantoue ne peut pas avoir épousé moins qu’un prince. Il faudraitqu’il le fût. Pour moi, je n’y peux rien ; je ne suis point laReine, je suis la femme négligée du Roi. Il n’y a que le Cardinal,l’éternel Cardinal… et il est son ennemi, et peut-être cetteémeute…– Hélas ! c’est le <strong>com</strong>mencement de la guerre entre eux, jel’ai trop vu tout à l’heure.– Il est donc perdu ! s’écria la Reine en embrassant Marie.Pardon, mon enfant, je te déchire le cœur ; mais nous devonstout voir et tout dire aujourd’hui ; oui, il est perdu s’il nerenverse lui-même ce méchant homme, car le Roi n’y renoncerapas ; la force seule…– Il le renversera, madame ; il le fera si vous l’aidez. Vousêtes <strong>com</strong>me la divinité de la France ; oh ! je vous en conjure !protégez l’ange contre le démon ; c’est votre cause, celle devotre royale famille, celle de toute votre nation…La Reine sourit.– C’est ta cause surtout, ma fille, n’est-il pas vrai ? et c’est<strong>com</strong>me telle que je l’embrasserai de tout mon pouvoir ; il n’estpas grand, je te l’ai dit ; mais, tel qu’il est, je te le prête toutentier : pourvu cependant que cet ange ne descende pas jusqu’àdes péchés mortels, ajouta-t-elle avec un regard plein definesse ; j’ai entendu prononcer son nom cette nuit par des voixbien indignes de lui.– Oh ! madame, je jurerais qu’il n’en savait rien !193

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