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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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vous. D’après ce qu’on lui aura dit, vous lui semblez propre àjouer tel ou tel rôle impossible à deviner, et dont il aura tracél’emploi dans le repli le plus profond de sa pensée. Il veut vousy élever, vous y dresser, passez-moi cette expression en faveurde sa justesse, et pensez-y sérieusement quand le temps enviendra. Mais n’importe, je crois qu’au point où en sont leschoses vous feriez bien de suivre cette veine ; c’est ainsi quede grandes fortunes ont <strong>com</strong>mencé ; il s’agit seulement de nepoint se laisser aveugler et gouverner. Tachez que les faveursne vous étourdissent pas, mon pauvre enfant, et que l’élévationne vous fasse pas tourner la tête ; ne vous effarouchez pas dece soupçon, c’est arrivé à de plus vieux que vous. Écrivez-moisouvent ainsi qu’à votre mère ; voyez M. de Thou, et nous tâcheronsde vous bien conseiller. En attendant, mon fils, ayez labonté de fermer cette fenêtre, d’où il me vient du vent sur latête, et je vais vous conter ce qui s’est passé ici.Henry, espérant que la partie morale du discours était finie,et ne voyant plus dans la seconde qu’un récit, ferma vite lavieille fenêtre tapissée de toiles d’araignées, et revint à saplace sans parler.– À présent que j’y réfléchis mieux, je pense qu’il ne voussera peut-être pas inutile d’avoir passé par ici, quoique ce soitune triste expérience que vous y deviez trouver ; mais elle suppléeraà ce que je ne vous ai pas dit autrefois de la perversitédes hommes ; j’espère d’ailleurs que la fin ne sera pas sanglante,et que la lettre que nous avons écrite au roi aura letemps d’arriver.– J’ai entendu dire qu’elle était interceptée, dit <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>.– C’en est fait alors, dit l’abbé Quillet ; le curé est perdu.Mais écoutez-moi bien.» À Dieu ne plaise, mon enfant, que ce soit moi, votre ancieninstituteur, qui veuille attaquer mon propre ouvrage et porteratteinte à votre foi. Conservez-la toujours et partout, cette foisimple dont votre noble famille vous a donné l’exemple, quenos pères avaient plus encore que nous-mêmes, et dont lesplus grands capitaines de nos temps ne rougissent pas. En portantvotre épée, souvenez-vous qu’elle est à Dieu. Mais aussi,lorsque vous serez au milieu des hommes, tâchez de ne pasvous laisser tromper par l’hypocrite ; il vous entourera, vousprendra, mon fils, par le côté vulnérable de votre cœur naïf, en44

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