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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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conscience ; peu de destinées particulières suffisaient à ce désir,n’étant que les parties in<strong>com</strong>plètes du TOUT insaisissablede l’histoire du monde ; l’une était pour ; dire un quart, l’autreune moitié de preuve ; l’imagination fit le reste et les <strong>com</strong>pléta.De là, sans doute, sortit la fable. – L’homme la créa vraie,parce qu’il ne lui est pas donné de voir autre chose que luimêmeet la nature qui l’entoure ; mais il la créa VRAIE d’uneVÉRITÉ toute particulière.Cette VÉRITÉ toute belle, tout intellectuelle, que je sens, queje vois et voudrais définir, dont j’ose ici distinguer le nom decelui du VRAI, pour me mieux faire entendre, est <strong>com</strong>me l’âmede tous les arts. C’est un choix du signe caractéristique danstoutes les beautés et toutes les grandeurs du VRAI visible ;mais ce n’est pas lui-même, c’est mieux que lui ; c’est un ensembleidéal de ses principales formes, une teinte lumineusequi <strong>com</strong>prend ses plus vives couleurs, un baume enivrant deses parfums les plus purs, un élixir délicieux de ses sucs lesmeilleurs, une harmonie parfaite de ses sons les plus mélodieux; enfin c’est une somme <strong>com</strong>plète de toutes se leurs. Àcette seule VÉRITÉ doivent prétendre les œuvres de l’Art quisont une représentation morale de la vie, les œuvres dramatiques.Pour l’atteindre, il faut sans doute <strong>com</strong>mencer parconnaître tout le VRAI de chaque siècle, être imbu profondémentde son ensemble et de ses détails ; ce n’est là qu’unpauvre mérite d’attention, de patience et de mémoire ; maisensuite il faut choisir et grouper autour d’un centre inventé :c’est là l’œuvre de l’imagination et de ce grand BON SENS quiest le génie lui-même.À quoi bon les Arts s’ils n’étaient que le redoublement et lacontre-épreuve de l’existence ? Eh ! bon Dieu, nous ne voyonsque trop autour de nous la triste et désenchanteresse réalité :la tiédeur insupportable des demi-caractères, des ébauches devertus et de vices, des amours irrésolus, des haines mitigées,des amitiés tremblotantes, des doctrines variables, des fidélitésqui ont leur hausse et leur baisse, des opinions quis’évaporent ; laissez-nous rêver que parfois ont paru deshommes plus forts et plus grands, qui furent des bons ou desméchants plus résolus ; cela fait du bien. Si la pâleur de votreVRAI nous poursuit dans l’Art, nous fermerons ensemble lethéâtre et le livre pour ne pas le rencontrer deux fois. Ce que6

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