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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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– M. le maréchal ne faisait pas cela, monsieur. Comme ilavait été surintendant des finances, il <strong>com</strong>ptait son argent desa main ; et je crois que vos terres ne seraient pas en si bonétat et que vous n’auriez pas tant d’or à <strong>com</strong>pter vous-mêmes’il eût fait autrement ; ayez donc la bonté de garder votrebourse, dont vous ne savez sûrement pas le contenuexactement.– Ma foi, non !Grandchamp fit entendre un profond soupir à cette exclamationdédaigneuse de son maître.– Ah ! monsieur le marquis ! monsieur le marquis ! quand jepense que le grand roi Henry, devant mes yeux, mit dans sapoche ses gants de chamois parce que la pluie les gâtait ;quand je pense que M. de Rosny lui refusait de l’argent, quandil en avait trop dépensé ; quand je pense…– Quand tu penses, tu es bien ennuyeux, mon ami, interrompitson maître, et tu ferais mieux de me dire ce que c’est quecette figure noire qui me semble marcher dans la boue derrièrenous.– Je crois que c’est quelque pauvre paysanne qui veut demanderl’aumône ; elle peut nous suivre aisément, car nous n’allonspas vite avec ce sable où s’enfoncent les chevaux jusqu’auxjarrets. Nous irons peut-être aux Landes un jour, monsieur,et vous verrez alors un pays <strong>com</strong>me celui-ci, des sables,et de grands sapins tout noirs ; c’est un cimetière continuel àdroite et à gauche de la route ; et en voici un petit échantillon.Tenez, à présent que la pluie a cessé, et qu’on y voit un peu,regardez toutes ces bruyères et cette grande plaine sans un villageni une maison. Je ne sais pas trop où nous passerons lanuit ; mais, si monsieur me croit, nous couperons des branchesd’arbres, et nous bivaquerons ; vous verrez <strong>com</strong>me je sais faireune baraque avec un peu de terre : on a chaud là-des<strong>sous</strong><strong>com</strong>me dans un bon lit.– J’aime mieux continuer jusqu’à cette lumière que j’aperçoisà l’horizon, dit <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> ; car je me sens, je crois, un peu defièvre, et j’ai soif. Mais va-t’en derrière, je veux marcher seul ;rejoins les autres, et suis-moi.Grandchamp obéit, et se consola en donnant à Germain,<strong>Louis</strong> et Etienne des leçons sur la manière de reconnaître leterrain la nuit.73

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