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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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– Le bonheur de l’État s’accorde avec le mien. Je le fais enpassant, si je détruis le tyran du Roi. L’horreur que m’inspirecet homme est passée dans mon sang. Autrefois, en venant letrouver, je rencontrai sur mes pas son plus grand crime, l’assassinatet la torture d’Urbain Grandier ; il est le génie du malpour le malheureux Roi, je le conjurerai : j’aurais pu devenircelui du bien pour <strong>Louis</strong> <strong>XIII</strong> ; c’était une des pensées de Marie,sa pensée la plus chère. Mais je crois que je ne triompheraipas dans l’âme tourmentée du Roi.– Sur quoi <strong>com</strong>ptez-vous donc ? dit de Thou.– Sur un coup de dés. Si sa volonté peut cette fois durerquelques heures, j’ai gagné ; c’est un dernier calcul auquel estsuspendue ma destinée.– Et celle de votre Marie !– L’avez-vous cru ! dit impétueusement <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>. Non,non ! s’il m’abandonne, je signe le traité d’Espagne et laguerre.– Ah ! quelle horreur ! dit le conseiller : quelle guerre ! uneguerre civile ! et l’alliance avec l’étranger !– Oui, un crime, reprit froidement <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>, eh ! vous ai-jeprié d’y prendre part ?– Cruel ! ingrat ! reprit son ami, pouvez-vous me parler ainsi? Ne savez-vous pas, ne vous ai-je pas prouvé que l’amitié tenaitdans mon cœur la place de toutes les passions ? Puis-jesurvivre non-seulement à votre mort, mais même au moindrede vos malheurs ! Cependant laissez-moi vous fléchir et vousempêcher de frapper la France. Ô mon ami ! mon seul ami ! jevous en conjure à genoux, ne soyons pas ainsi parricides, n’assassinonspas notre patrie ! Je dis nous, car jamais je ne me sépareraide vos actions ; conservez-moi l’estime de moi-même,pour laquelle j’ai tant travaillé ; ne souillez pas ma vie et mamort que je vous ai vouées.De Thou était tombé aux genoux de son ami, et celui-ci,n’ayant plus la force de conserver sa froideur affectée, se jetadans ses bras en le relevant, et, le serrant contre sa poitrine,lui dit d’une voix étouffée :– Eh ! pourquoi m’aimer autant, aussi ? Qu’avez-vous fait,ami ? Pourquoi m’aimer ? vous qui êtes sage, pur et vertueux ;vous que n’égarent pas une passion insensée et le désir de lavengeance ; vous dont l’âme est nourrie seulement de religion221

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