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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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une prière pour lui ; je la mêlai avec celle que j’entendais prononcerà haute voix par notre malheureux et pieux ami deThou. Je me relevai, et le vis s’élancer sur l’échafaud avec tantde promptitude, qu’on eût dit qu’il volait. Le père et lui récitèrentles psaumes ; il les disait avec une ardeur de séraphin,<strong>com</strong>me si son âme eût emporté son corps vers le ciel ; puis,s’agenouillant, il baisa le sang de <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>, <strong>com</strong>me celui d’unmartyr, et devint plus martyr lui-même. Je ne sais si Dieu voulutlui accorder cette grâce : mais je vis avec horreur le bourreau,effrayé sans doute du premier coup qu’il avait porté, lefrapper sur le haut de la tête, où le malheureux jeune hommeporta la main ; le peuple poussa un long gémissement, ets’avança contre le bourreau : ce misérable, tout troublé, luiporta un second coup, qui ne fit encore que l’écorcher etl’abattre sur le théâtre, où l’exécuteur se roula sur lui pourl’achever. Un événement étrange effrayait le peuple autant quel’horrible spectacle. Le vieux domestique de M. de <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>,tenant son cheval <strong>com</strong>me à un convoi funèbre, s’était arrêté aupied de l’échafaud, et, semblable à un homme paralysé, regardason maître jusqu’à la fin, puis tout à coup, <strong>com</strong>me frappé dela même hache, tomba mort <strong>sous</strong> le coup qui avait fait tomberla tête.« Je vous écris à la hâte ces tristes détails à bord d’une galèrede Gênes, où Fontrailles, Gondi, d’Entraigues, Beauvau, duLude, moi et tous les conjurés, sommes retirés. Nous allons enAngleterre attendre que le temps ait délivré la France du tyranque nous n’avons pu détruire. J’abandonne pour toujours leservice du lâche prince qui nous a trahis.« MONTRÉSOR. »– Telle vient d’être, poursuivit Corneille, la fin de ces deuxjeunes gens que vous vîtes naguère si puissants. Leur derniersoupir a été celui de l’ancienne monarchie ; il ne peut plus régnerici qu’une cour dorénavant ; les Grands et les Sénats sontanéantis 43 .– Et voilà donc ce prétendu grand homme ! reprit Milton.Qu’a-t-il voulu faire ? Il veut donc créer des républiques dansl’avenir, puisqu’il détruit les bases de votre monarchie ?43.On appelait le parlement sénat. Il existe des lettres adressées à Monseigneurde Harlay, prince du Sénat de Paris, et premier juge duroyaume.360

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