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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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debout, il lui faut la chaussure de corde qui ne peut pas glisser,et le trèfle du bâton ferré qui s’enfonce dans les fentes desrochers.Dans les beaux mois de l’été, le pastour, vêtu de sa capebrune, et le bélier noir à la longue barbe, y conduisent destroupeaux dont la laine tombante balaye le gazon. On n’entendplus dans ces lieux escarpés que le bruit des grosses clochettesque portent les moutons, et dont les tintements inégaux produisentdes accords imprévus, des gammes fortuites, quiétonnent le voyageur et réjouissent leur berger sauvage et silencieux.Mais, lorsque vient le long mois de septembre, un linceulde neige se déroule de la cime des monts jusqu’à leurbase, et ne respecte que ce sentier profondément creusé,quelques gorges ouvertes par les torrents, et quelques rocs degranit qui allongent leur forme bizarre <strong>com</strong>me les ossementsd’un monde enseveli.C’est alors qu’on voit accourir de légers troupeaux d’isardsqui, renversant sur leur dos leurs cornes recourbées,s’élancent de rocher en rocher, <strong>com</strong>me si le vent les faisaitbondir devant lui, et prennent possession de leur désert aérien; des volées de corbeaux et de corneilles tournent sanscesse dans les gouffres et les puits naturels, qu’elles transformenten ténébreux colombiers, tandis que l’ours brun, suivide sa famille velue qui se joue et se roule autour de lui sur laneige, descend avec lenteur de sa retraite envahie par les frimas.Mais ce ne sont là ni les plus sauvages ni les plus cruelshabitants que ramène l’hiver dans ces montagnes ; le contrebandierrassuré se hasarde jusqu’à se construire une demeurede bois sur la barrière même de la nature et de la politique ; làdes traités inconnus, des échanges occultes, se font entre lesdeux Navarres, au milieu des brouillards et des vents.Ce fut dans cet étroit sentier, sur le versant de la France,qu’environ deux mois après les scènes que nous avons vues sepasser à Paris, deux voyageurs venant d’Espagne s’arrêtèrentà minuit, fatigués et pleins d’épouvante. On entendait descoups de fusil dans la montagne. – Les coquins ! <strong>com</strong>me ilsnous ont poursuivis ! dit l’un d’eux ; je n’en puis plus ! sansvous j’étais pris.– Et vous le serez encore, ainsi que ce damné papier, si vousperdez votre temps en paroles ; voilà un second coup de feu276

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