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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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– Ne le cherchez pas si loin, dit Corneille ; il n’a voulu que régnerjusqu’à la fin de sa vie. Il a travaillé pour le moment, etnon pour l’avenir ; il a continué l’œuvre de <strong>Louis</strong> XI, et ni l’unni l’autre n’ont su ce qu’ils faisaient.L’Anglais se prit à rire.– Je croyais, dit-il, je croyais que le vrai génie avait une autremarche. Cet homme a ébranlé ce qu’il devait soutenir, et onl’admire ! Je plains votre nation.– Ne la plaignez pas ! s’écria vivement Corneille ; un hommepasse, mais un peuple se renouvelle. Celui-ci, monsieur, estdoué d’une immortelle énergie que rien ne peut éteindre : souventson imagination l’égarera ; mais une raison supérieure finiratoujours par dominer ses désordres.Les deux jeunes et déjà grands hommes se promenaient enparlant ainsi sur cet emplacement qui sépare la statue de HenryIV de la place Dauphine, au milieu de laquelle ils s’arrêtèrentun moment.– Oui, monsieur, poursuivit Corneille, je vois tous les soirsavec quelle vitesse une pensée généreuse retentit dans lescœurs français, et tous les soirs je me retire heureux de l’avoirvu. La reconnaissance prosterne les pauvres devant cette statued’un bon roi ; qui sait quel autre monument élèverait uneautre passion auprès de celui-ci ? qui sait jusqu’où l’amour dela gloire conduirait notre peuple ? qui sait si, au lieu même oùnous sommes, ne s’élèvera pas une pyramide arrachée àl’Orient ?– Ce sont les secrets de l’avenir, dit Milton ; j’admire, <strong>com</strong>mevous, votre peuple passionné ; mais je le crains pour lui-même ;je le <strong>com</strong>prends mal aussi, et je ne reconnais pas son esprit,quand je le vois prodiguer son admiration à des hommes telsque celui qui vous gouverne. L’amour du pouvoir est bien puéril,et cet homme en est dévoré sans avoir la force de le saisirtout entier. Chose risible ! il est tyran <strong>sous</strong> un maître. Ce colosse,toujours sans équilibre, vient d’être presque renversé<strong>sous</strong> le doigt d’un enfant. Est-ce là le génie ? non, non ! Lorsqu’ildaigne quitter ses hautes régions pour une passion humaine,du moins doit-il l’envahir. Puisque ce Richelieu ne voulaitque le pouvoir, que ne l’a-t-il donc pris par le sommet aulieu de l’emprunter à une faible tête de Roi qui tourne et quifléchit ? Je vais trouver un homme qui n’a pas encore paru, et361

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