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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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nos personnages, il importe de contempler en grand l’état duroyaume.La puissante unité de la monarchie était plus imposante encorepar le malheur des États voisins ; les révoltes de l’Angleterreet celles de l’Espagne et du Portugal faisaient admirerd’autant plus le calme dont jouissait la France ; Strafford etOlivarès renversés ou ébranlés grandissaient l’immuableRichelieu.Six armées formidables, reposées sur leurs armes triomphantes,servaient de rempart au royaume ; celles du Nord, liguéesavec la Suède, avaient fait fuir les Impériaux, poursuivisencore par l’ombre de Gustave-Adolphe ; celles qui regardaientl’Italie recevaient dans le Piémont les clefs des villes qu’avaitdéfendues le prince Thomas ; et celles qui redoublaient lachaîne des Pyrénées soutenaient la Catalogne révoltée, et frémissaientencore devant Perpignan, qu’il ne leur était pas permisde prendre. L’intérieur n’était pas heureux, mais tranquille.Un invisible génie semblait avoir maintenu ce calme ;car le Roi, mortellement malade, languissait à Saint-Germainprès d’un jeune favori ; et le Cardinal, disait-on, se mourait àNarbonne. Quelques morts pourtant trahissaient sa vie, et deloin en loin des hommes tombaient <strong>com</strong>me frappés par unsouffle empoisonné, et rappelaient la puissance invisible.Saint-Preuil, l’un des ennemis de Richelieu, venait de portersa tête de fer 5 sur l’échafaud, sans honte ni peur, <strong>com</strong>me il ledit en y montant.Cependant la France semblait gouvernée par elle-même ; carle prince et le ministre étaient séparés depuis longtemps : et,de ces deux malades, qui se haïssaient mutuellement, l’unn’avait jamais tenu les rênes de son État, l’autre n’y faisait plussentir sa main ; on ne l’entendait plus nommer dans les actespublics, il ne paraissait plus dans le gouvernement, s’effaçaitpartout ; il dormait <strong>com</strong>me l’araignée au centre de ses filets.S’il s’était passé quelques événements et quelques résolutionsdurant ces deux années, ce devait donc être dans lescœurs ; ce devait être quelques-uns de ces changements occultes,d’où naissent, dans les monarchies sans base, des5.Ce nom lui fut donné pour sa valeur et un caractère trop ferme, qui futson seul crime.170

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