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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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des gentilshommes des deux partis en criant à tue-tête : À moi,d’Aubijoux ! tu m’as gagné trois mille ducats, voilà trois coupsd’épée. À moi, La Chapelle ! j’aurai dix gouttes de ton sang enéchange de mes dix pistoles ; et je l’ai vu de mes yeux attaquerces messieurs et plusieurs autres encore des deux partis, assezloyalement, il est vrai, car il ne les frappait qu’en face et bienen garde, mais avec beaucoup de bonheur et une impartialitérévoltante.– Oui, monsieur, et j’allais lui en dire mon avis, reprit duLude, quand je l’ai vu s’évader dans la foule <strong>com</strong>me un écureuil,et riant beaucoup avec quelques inconnus à figures basanées; je ne doute pas cependant que M. de <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> ne l’aitenvoyé, car il donnait des ordres à cet Ambrosio, que vous devezconnaître, ce prisonnier espagnol, ce vaurien qu’il a prispour domestique. Ma foi, je suis dégoûté de cela, et je ne suispoint fait pour être confondu avec cette canaille.– Ceci, monsieur, reprit Fournier, est fort différent de l’affairede Loudun. Le peuple ne fit que se soulever, sans se révolterréellement : dans ce pays, c’était la partie saine et estimablede la population, indignée d’un assassinat, et non animéepar le vin et l’argent. C’était un cri jeté contre un bourreau,cri dont on pouvait être l’organe honorablement, et nonpas ces hurlements de l’hypocrisie factieuse et d’un amas degens sans aveu, sortis de la boue de Paris et vomis par seségouts. J’avoue que je suis très-las de ce que je vois, et je suisvenu aussi pour vous prier d’en parler à M. le Grand.De Thou était fort embarrassé pendant ces deux discours, etcherchait en vain à <strong>com</strong>prendre ce que <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> pouvaitavoir à démêler avec le peuple, qui lui avait semblé se réjouir :d’un autre côté, il persistait à ne pas vouloir faire l’aveu de sonignorance ; elle était totale cependant, car, la dernière foisqu’il avait vu son ami, il ne parlait que des chevaux et des écuriesdu Roi, de la chasse au faucon et de l’importance du grandveneur dans les affaires de l’État, ce qui ne semblait pas annoncerde vastes projets où le peuple pût entrer. Enfin il se hasardatimidement à leur dire :– Messieurs, je vous promets de faire votre <strong>com</strong>mission ; enattendant, je vous offre ma table et des lits pour le temps quevous voudrez. Mais pour vous dire mon avis dans cette200

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