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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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coups. Qui est-ce qui gagne des prix à la course ? c’est le cheval,qui ne soupe guère mieux qu’à l’ordinaire, tandis que sonmaître met l’or dans sa poche, et il est envié de ses amis etconsidéré de tous les seigneurs <strong>com</strong>me s’il avait couru luimême.Qui est-ce qui chasse le chevreuil et qui n’en met pasun pauvre petit morceau <strong>sous</strong> sa dent ? c’est encore le cheval !tandis qu’il arrive quelquefois qu’on le mange lui-même, cepauvre animal ; et, dans une campagne avec M. le maréchal, ilm’est arrivé… Mais qu’avez-vous donc, monsieur le marquis ?vous pâlissez…– Serre-moi la jambe avec quelque chose, un mouchoir, unecourroie, ou ce que tu voudras, car j’y sens une douleur brûlante; je ne sais ce que c’est.– Votre botte est coupée, monsieur, et ce pourrait bien êtrequelque balle ; mais le plomb est ami de l’homme.– Il me fait cependant bien mal !– Ah ! qui aime bien châtie bien, monsieur : ah ! le plomb ! ilne faut pas dire du mal du plomb ; qui est-ce qui…Tout en s’occupant de lier la jambe de <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> au-des<strong>sous</strong>du genou, le bonhomme allait <strong>com</strong>mencer l’apologie du plombaussi sottement qu’il avait fait celle du cheval, quand il fut forcé,ainsi que son maître, de prêter l’oreille à une dispute viveet bruyante entre plusieurs soldats suisses restés très-prèsd’eux après le départ de toutes les troupes ; ils se parlaient engesticulant beaucoup, et semblaient s’occuper de deuxhommes que l’on voyait au milieu de trente soldats environ.D’Effiat, tendant toujours son pied à son domestique et appuyésur la selle de son cheval, chercha, en écoutant attentivement,à <strong>com</strong>prendre leurs paroles ; mais il ignorait absolumentl’allemand, et ne put rien deviner de leur querelle. Grandchamptenait toujours sa botte et écoutait aussi très-sérieusement,et tout à coup se mit à rire de tout son cœur, se tenantles côtés, ce qu’on ne lui avait jamais vu faire.– Ah ! ah ! monsieur, voilà deux sergents qui se disputentpour savoir lequel on doit pendre des deux Espagnols qui sontlà ; car vos camarades rouges ne se sont pas donné la peine dele dire ; l’un de ces Suisses prétend que c’est l’officier ; l’autreassure que c’est le soldat, et voilà un troisième qui vient de lesmettre d’accord.– Et qu’a-t-il dit ?136

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