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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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– Eh bien, Madame ! je le suivrai dans l’exil : c’est mon devoir,je suis sa femme !… s’écria Marie en sanglotant ; je voudraisdéjà l’y savoir en sûreté.– Rêves de dix-huit ans ! dit la Reine en soutenant Marie.Réveillez-vous, enfant, réveillez-vous, il le faut ; je ne veux nieraucune des qualités de M. de <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>. Il a un grand caractère,un esprit vaste, un grand courage ; mais il ne peut plusêtre rien pour vous, et heureusement vous n’êtes ni sa femmeni même sa fiancée.– Je suis à lui, madame, à lui seul…– Mais sans bénédiction, reprit Anne d’Autriche, sans mariageenfin : aucun prêtre ne l’eût osé ; le vôtre même ne l’apas fait, et me l’a dit. Taisez-vous, ajouta-t-elle en posant sesdeux belles mains sur la bouche de Marie, taisez-vous ! Vousallez me dire que Dieu a entendu vos serments, que vous nepouvez vivre sans lui, que vos destinées sont inséparables, quela mort seule peut briser votre union : propos de votre âge, délicieuseschimères d’un moment dont vous sourirez un jour,heureuse de ne pas avoir à les pleurer toute votre vie. Detoutes ces jeunes femmes si brillantes que vous voyez autourde moi, à la cour, il n’en est pas une qui n’ait eu, à votre âge,quelque beau songe d’amour <strong>com</strong>me le vôtre, qui n’ait forméde ces liens que l’on croit indissolubles, et n’ait fait en secretd’éternels serments. Eh bien, ces songes sont évanouis, cesnœuds rompus, ces serments oubliés ; et pourtant vous lesvoyez femmes et mères heureuses, entourées des honneurs deleur rang, elles viennent rire et danser tous les soirs… Je devineencore ce que vous voulez me dire… Elles n’aimaient pasautant que vous, n’est-ce pas ? Eh bien, vous vous trompez, machère enfant ; elles aimaient autant et ne pleuraient pas moins.Mais c’est ici que je dois vous apprendre à connaître ce grandmystère qui fait votre désespoir, parce que vous ignorez le malqui vous dévore. Notre existence est double, mon amie : notrevie intérieure, celle de nos sentiments, nous travaille avec violence,tandis que la vie extérieure nous domine malgré nous.On n’est jamais indépendante des hommes, et surtout dans unecondition élevée. Seule, on se croit maîtresse de sa destinée ;mais la vue de trois personnes qui surviennent nous rendtoutes nos chaînes en nous rappelant notre rang et notre entourage.Que dis-je ? soyez enfermée et livrée à tout ce que les292

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