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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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fréquentes aux bords de la Loire. Le soleil parut d’abord<strong>com</strong>me une petite lune sanglante, enveloppée dans un linceuldéchiré, et se cacha en une demi-heure <strong>sous</strong> un voile si épais,que Marie distinguait à peine les premiers chevaux du carrosse,et que les hommes qui passaient à quelques pas lui semblaientdes ombres grisâtres. Cette vapeur glacée devint unepluie pénétrante et en même temps un nuage d’une odeur fétide.La Reine fit asseoir la belle princesse près d’elle et voulutrentrer ; on retourna vers Chambord en silence et au pas. Bientôton entendit les cors qui sonnaient le retour et rappelaientles meutes égarées, des chasseurs passaient rapidement prèsde la voiture, cherchant leur chemin dans le brouillard, et s’appelantà haute voix. Marie ne voyait souvent que la tête d’uncheval ou un corps sombre sortant de la triste vapeur des bois,et cherchait en vain à distinguer quelques paroles : Cependantson cœur battit ; on appelait M. de <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> : Le Roi demandeM. le Grand, répétait-on ; où peut être allé M. le grandÉcuyer ? <strong>Une</strong> voix dit en passant près d’elle : Il s’est perdu toutà l’heure. Et ces paroles bien simples la firent frissonner, carson esprit affligé leur donnait un sens terrible. Cette pensée lasuivit jusqu’au château et dans ses appartements, où elle couruts’enfermer. Bientôt elle entendit le bruit de la rentrée duRoi et de MONSIEUR, puis, dans la forêt, quelques coups defusil dont on ne voyait pas la lumière. Elle regardait en vainaux étroits vitraux ; ils semblaient tendus au dehors d’un drapblanc qui ôtait le jour.Cependant à l’extrémité de la forêt, vers Montfrault,s’étaient égarés deux cavaliers ; fatigués de chercher la routedu château dans la monotone similitude des arbres et des sentiers,ils allaient s’arrêter près d’un étang, lorsque huit ou dixhommes environ, sortant des taillis, se jetèrent sur eux, et,avant qu’ils eussent le temps de s’armer, se pendirent à leursjambes, à leurs bras et à la bride de leurs chevaux, de manièreà les tenir immobiles. En même temps une voix rauque, partantdu brouillard, cria :– Êtes-vous Royalistes ou Cardinalistes ? Criez : Vive leGrand ! ou vous êtes morts.– Vils coquins ! répondit le premier cavalier en cherchant àouvrir les fontes de ses pistolets, je vous ferai pendre pour abuserde mon nom !242

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