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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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séductions ; mais avant, madame, il importe de vous délier devos serments.– Hélas ! grand Dieu ! qu’y a-t-il contre nous ?– Il y a Dieu sur nous et contre nous, reprit Henry d’une voixsévère ; le Roi m’a trompé.L’abbé s’agita dans le confessionnal. Marie s’écria :– Voilà ce que je pressentais ; voilà le malheur quej’entrevoyais. Est-ce moi qui l’ai causé ?– Il m’a trompé en me serrant la main, poursuivit <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> ;il m’a trahi par le vil Joseph qu’on m’offre de poignarder.L’abbé fit un mouvement d’horreur qui ouvrit à demi la portedu confessionnal.– Ah ! mon père, ne craignez rien, continua Henry d’Effiat ;votre élève ne frappera jamais de tels coups. Ils s’entendrontde loin, ceux que je prépare, et le grand jour les éclairera ;mais il me reste un devoir à remplir, un devoir sacré : voyezvotre enfant s’immoler devant vous. Hélas ! je n’ai pas véculongtemps pour le bonheur ; je viens le détruire peut-être, parvotre main, la même qui l’avait consacré.Il ouvrit, en parlant ainsi, le léger grillage qui le séparait deson vieux gouverneur ; celui-ci, gardant toujours un silencesurprenant, avança le camail sur son front.– Rendez, dit <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> d’une voix moins ferme, rendez cetanneau nuptial à la duchesse de Mantoue ; je ne puis le garderqu’elle ne me le donne une seconde fois, car je ne suis plus lemême qu’elle promit d’épouser.Le prêtre saisit brusquement la bague et la passa au traversdes losanges du grillage opposé ; cette marque d’indifférenceétonna <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>.– Eh quoi ! mon père, dit-il, êtes-vous aussi changé ? CependantMarie ne pleurait plus ; mais élevant sa voix angélique quiéveilla un faible écho le long des ogives du temple, <strong>com</strong>me leplus doux soupir de l’orgue, elle dit :– Ô mon ami ! ne soyez plus en colère, je ne vous <strong>com</strong>prendspas ; pouvons-nous rompre ce que Dieu vient d’unir, etpourrais-je vous quitter quand je vous sais malheureux ! Si leRoi ne vous aime plus, du moins vous êtes assuré qu’il ne viendrapas vous faire du mal, puisqu’il n’en a pas fait au Cardinal,qu’il n’a jamais aimé. Vous croyez-vous perdu parce qu’il n’aurapas voulu peut-être se séparer de son vieux serviteur ? Eh271

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