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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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que je vous supplie de rappeler de l’exil : je veux dire la ReineMarie de Médicis, votre mère.Le Roi laissa échapper un cri involontaire, tant il était loin des’attendre à ce nom. <strong>Une</strong> agitation tout à coup réprimée parutsur toutes les physionomies. On attendait en silence les parolesroyales. <strong>Louis</strong> <strong>XIII</strong> regarda longtemps son vieux ministre sansparler, et ce regard décida « du destin de la France. Il se rappelaen un moment tous les services infatigables de Richelieu,son dévouement sans bornes, sa surprenante capacité, ets’étonna d’avoir voulu s’en séparer ; il se sentit profondémentattendri à cette demande, qui allait chercher sa colère au fondde son cœur pour l’en arracher, et lui faisait tomber des mainsla seule arme qu’il eût contre son ancien serviteur ; l’amour filialamena le pardon sur ses lèvres et les larmes dans sesyeux ; heureux d’accorder ce qu’il désirait le plus au monde, iltendit la main au Duc avec toute la noblesse et la bonté d’unBourbon. Le Cardinal s’inclina, la baisa avec respect ; et soncœur, qui aurait dû se briser de repentir, ne se remplit que dela joie d’un orgueilleux triomphe.Le prince touché, lui abandonnant sa main, se retourna avecgrâce vers sa cour, et dit d’une voix très-émue :– Nous nous trompons souvent, messieurs, et surtout pourconnaître un aussi grand politique que celui-ci ; il ne nous quitterajamais, j’espère, puisqu’il a un cœur aussi bon que sa tête.Aussitôt le cardinal de La Valette s’empara du bas du manteaudu Roi pour le baiser avec l’ardeur d’un amant, et le jeuneMazarin en fit presque autant au Duc de Richelieu lui-même,prenant un visage rayonnant de joie et d’attendrissement avecl’admirable souplesse italienne. Deux flots d’adulateurs fondirent,l’un sur le Roi, l’autre sur le ministre : le premiergroupe, non moins adroit que le second, quoique moins direct,n’adressait au prince que les remercîments que pouvait entendrele ministre, et brûlait aux pieds de l’un l’encens qu’ildestinait à l’autre. Pour Richelieu, tout en faisant un signe detête à droite et donnant un sourire à gauche, il fit deux pas, etse plaça debout à la droite du Roi, <strong>com</strong>me à sa place naturelle.Un étranger en entrant eût plutôt pensé que le Roi était à sagauche. – Le maréchal d’Estrées et tous les ambassadeurs, leduc d’Angoulême, le duc d’Halluin (Schomberg), le maréchalde Châtillon et tous les grands officiers de l’armée et de la108

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