13.07.2015 Views

Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

poing qu’il avait donné ; il vit alors qu’elle était divisée en deuxcellules par une cloison. Un grand flambeau de cire jauneéclairait la première ; là, une jeune fille, pâle et d’une effroyablemaigreur, était accroupie dans un coin sur la terre humideoù coulait la neige fondue <strong>sous</strong> les planches de la chaumière.Des cheveux noirs, mêlés et couverts de poussière, maistrès-longs, tombaient en désordre sur son vêtement de burebrune ; le capuchon rouge des Pyrénées couvrait sa tête et sesépaules ; elle baissait les yeux et filait une petite quenouille attachéeà sa ceinture. L’entrée d’un homme ne la troubla pas.– Eh ! eh ! la moza 17 , lève-toi et donne-moi à boire ; je suislas et j’ai soif.La jeune fille ne répondit pas, et, sans lever les yeux, continuade filer avec application.– Entends-tu ? dit l’étranger la poussant avec le pied ; va direau patron, que j’ai vu là, qu’un ami vient le voir, et donne-moi àboire avant. Je coucherai ici.Elle répondit d’une voix enrouée en filant toujours :– Je bois la neige qui fond sur le rocher, ou l’écume verte quinage sur l’eau des marais ; mais, quand j’ai bien filé, on medonne l’eau de la source de fer.Quand je dors, le lézard froid passe sur mon visage ; maislorsque j’ai bien lavé une mule, on jette le foin ; le foin estchaud ; le foin est bon et chaud ; je le mets sur mes pieds demarbre.– Quelle histoire me fais-tu là ? dit Jacques ; je ne parle pasde toi.Elle poursuivit :– On me fait tenir un homme pendant qu’on le tue. Oh ! quej’ai eu du sang sur les mains ! Que Dieu leur pardonne si celase peut. Ils m’ont fait tenir sa tête et le baquet rempli d’uneeau rouge. Ô ciel ! moi qui étais l’épouse de Dieu ! on jetteleurs corps dans l’abîme de neige ; mais le vautour les trouve ;il tapisse son nid avec leurs cheveux. Je te vois à présent pleinde vie, je te verrai sanglant, pâle et mort.L’aventurier, haussant les épaules, se mit à siffler en entrant,et poussa la seconde porte ; il trouva l’homme qu’il avait vu parles fentes de la cabane : il portait le berret 18 bleu des Basques17.La fille.18.Petit bonnet de laine.278

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!