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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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Il était aisé de voir que ces énormes pièces avaient ôté auxassiégeants l’idée d’attaquer ce point, et aux assiégés celle d’ymultiplier les moyens de défense. Aussi, d’un côté, les postesavancés et les vedettes étaient fort éloignés ; de l’autre, lessentinelles étaient rares et mal soutenues. Un jeune Espagnol,tenant une longue escopette avec sa fourche suspendue à soncôté, et la mèche fumante dans la main droite, se promenaitnonchalamment sur le rempart, et s’arrêta à considérer <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong>, qui faisait à cheval le tour des fossés et du marais.– Señor Caballero, lui dit-il, est-ce que vous voulez prendre lebastion à vous seul et à cheval, <strong>com</strong>me don Quixote-Quixada dela Mancha ?Et en même temps il détacha la fourche ferrée qu’il avait aucôté, la planta en terre, et y appuyait le bout de son escopettepour ajuster, lorsqu’un grave Espagnol plus âgé, enveloppédans un sale manteau brun, lui dit dans sa langue :– Ambrosio de demonio, ne sais-tu pas bien qu’il est défendude perdre la poudre inutilement jusqu’aux sorties ou aux attaques,pour avoir le plaisir de tuer un enfant qui ne vaut pasta mèche ! C’est ici même que Charles-Quint a jeté et noyédans le fossé la sentinelle endormie. Fais ton devoir, ou jel’imiterai.Ambrosio remit son fusil sur son épaule, son bâton fourchu àson côté, et reprit sa promenade sur le rempart.<strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> avait été fort peu ému de ce geste menaçant, ets’était contenté d’élever les rênes de son cheval et de lui approcherles éperons, sachant que d’un saut de ce léger animalil serait transporté derrière un petit mur d’une cabane quis’élevait dans le champ où il se trouvait, et serait à l’abri du fusilespagnol avant que l’opération de la fourche et de la mèchefût terminée. Il savait d’ailleurs qu’une convention tacite desdeux armées empêchait que les tirailleurs ne fissent feu sur lessentinelles, ce qui eût été regardé <strong>com</strong>me un assassinat dechaque côté. Il fallait même que le soldat qui s’était disposéainsi à l’attaque fût dans l’ignorance des consignes pour l’avoirfait. Le jeune d’Effiat ne fit donc aucun mouvement apparent ;et lorsque le factionnaire reprit sa promenade sur le rempart, ilreprit la sienne sur le gazon, et aperçut bientôt cinq cavaliersqui se dirigeaient vers lui. Les deux premiers qui arrivèrent auplus grand galop ne le saluèrent pas ; mais, s’arrêtant presque113

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