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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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je vous épargnerai bien des peines, Messieurs, en me reconnaissantcoupable de toute la <strong>conjuration</strong>, par moi seul conçueet ordonnée. Ma volonté est de mourir. Je n’ai donc rien à ajouterpour moi ; mais, si vous voulez être justes, vous laisserez lavie à celui que le roi même a nommé le plus honnête homme deFrance, et qui ne meurt que pour moi.– Qu’on l’introduise, dit Laubardemont.Deux gardes entrèrent chez M. de Thou, et ramenèrent.Il entra et salua gravement avec un sourire angélique sur leslèvres, et embrassant <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> :– Voici donc enfin le jour de notre gloire ! dit-il ; nous allonsgagner le ciel et le bonheur éternel.– Nous apprenons, monsieur, dit Laubardemont, nous apprenonspar la bouche même de M. de <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> que vous avez sula <strong>conjuration</strong>.De Thou répondit à l’instant et sans aucun trouble, toujoursavec un demi-sourire et les yeux baissés : – Messieurs, j’ai passéma vie à étudier les lois humaines, et je sais que le témoignaged’un accusé ne peut condamner l’autre. Je pourrais répéteraussi ce que j’ai déjà dit, que l’on ne m’aurait pas cru sij’avais dénoncé sans preuve le frère du Roi. Vous voyez doncque ma vie et ma mort sont entre vos mains. Pourtant, lorsquej’ai bien envisagé l’une et l’autre, j’ai connu clairement que, dequelque vie que je puisse jamais jouir, elle ne pourrait être quemalheureuse après la perte de M. de <strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> ; j’avoue doncet confesse que j’ai su sa conspiration ; j’ai fait mon possiblepour l’en détourner.– Il m’a cru son ami unique et fidèle, et je ne l’ai pas voulutrahir, c’est pourquoi je me condamne par les lois qu’a rapportéesmon père lui-même, qui me pardonne, j’espère.À ces mots, les deux amis se jetèrent dans les bras l’un del’autre.<strong>Cinq</strong>-<strong>Mars</strong> s’écriait :– Ami ! ami ! que je regrette ta mort que j’ai causée ! Je t’aitrahi deux fois, mais tu sauras <strong>com</strong>ment.Mais de Thou, l’embrassant et le consolant, répondait en levantles yeux en haut :– Ah ! que nous sommes heureux de finir de la sorte ! Humainementparlant, je pourrais me plaindre de vous, monsieur,mais Dieu sait <strong>com</strong>bien je vous aime ! Qu’avons-nous fait qui330

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