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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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que l’Église vous ordonnait expressément de révéler à votrepremier ministre tout ce que vous entendriez contre lui, et jen’ai jamais rien su par vous de ma mort prochaine. Il a falluque des amis plus fidèles vinssent m’apprendre la <strong>conjuration</strong> ;que les coupables eux-mêmes, par un coup de la Providence, selivrassent à moi pour me faire l’aveu de leurs fautes. Un seul,le plus endurci, le moindre de tous, résiste encore ; et c’est luiqui a tout conduit, c’est lui qui livre la France à l’étranger, quirenverse en un jour l’ouvrage de mes vingt années, soulève lesHuguenots du Midi, appelle aux armes tous les ordres del’État, ressuscite des prétentions écrasées, et rallume enfin laligue éteinte par votre père ; car c’est elle, ne vous y trompezpas, c’est elle qui relève toutes ses têtes contre vous. Êtes-vousprêt au <strong>com</strong>bat ? où donc est votre massue ?Le Roi, anéanti, ne répondait pas et cachait toujours sa têtedans ses mains. Le Cardinal, inexorable, croisa les bras etpoursuivit :– Je crains qu’il ne vous vienne à l’esprit que c’est pour moique je parle. Croyez-vous vraiment que je ne me juge pas, etqu’un tel adversaire m’importe beaucoup ? En vérité, je ne saisà quoi il tient que je vous laisse faire, et mettre cet immensefardeau de l’État dans la main de ce jouvenceau. Vous pensezbien que depuis vingt ans que je connais votre cour je ne suispas sans m’être assuré quelque retraite où, malgré vous-même,je pourrais aller, de ce pas, achever les six mois peut-être qu’ilme reste de vie. Ce serait un curieux spectacle pour moi quecelui d’un tel règne ! Que répondrez-vous, par exemple,lorsque tous ces petits potentats, se relevant dès que je ne pèseraiplus sur eux, viendront à la suite de votre frère vous dire,<strong>com</strong>me ils l’osèrent à Henry IV sur son trône : « Partagez-noustous les grands gouvernements à titres héréditaires et souveraineté,nous serons contents ! 33 » Vous le ferez, je n’en doutepas, et c’est la moindre chose que vous puissiez accorder àceux qui vous auront délivré de Richelieu ; et ce sera plusheureux peut-être, car pour gouverner l’Île de France, qu’ilsvous laisseront sans doute <strong>com</strong>me domaine originaire, votrenouveau ministre n’aura pas besoin de tant de papiers. »33.Mémoires de Sully, 1595.313

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