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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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était seule dans le fond, vêtue de noir et voilée. Sur le devantétait la maréchale d’Effiat, et aux pieds de la Reine était placéela princesse Marie. Assise de côté, sur un tabouret, sa robe etses pieds sortaient de la voiture et étaient appuyés sur un marchepieddoré, car il n’y avait point de portières, <strong>com</strong>me nousl’avons déjà dit ; elle cherchait à voir aussi, à travers lesarbres, les gestes du Roi, et se penchait souvent, importunéedu passage continuel des chevaux du prince Palatin et de sasuite.Ce prince du Nord était envoyé par le roi de Pologne pournégocier de grandes affaires en apparence, mais, au fond, pourpréparer la duchesse de Mantoue à épouser le vieux roi UladislasVI, et il déployait à la cour de France tout le luxe de lasienne, appelée alors barbare et scythe à Paris, et justifiait cesnoms par des costumes étranges et orientaux. Le Palatin dePosnanie était fort beau, et portait, ainsi que les gens de sasuite, une barbe longue, épaisse, la tête rasée à la turque, etcouverte d’un bonnet fourré, une veste courte et enrichie dediamants et de rubis ; son cheval était peint en rouge et chargéde plumes. Il avait à sa suite une <strong>com</strong>pagnie de gardes polonaishabillés de rouge et de jaune, portant de grands manteauxà manches longues qu’ils laissaient pendre négligemment surl’épaule. Les seigneurs polonais qui l’escortaient étaient vêtusde brocart d’or et d’argent, et l’on voyait flotter derrière leurtête rasée une seule mèche de cheveux qui leur donnait un aspectasiatique et tartare aussi inconnu de la cour de <strong>Louis</strong> <strong>XIII</strong>que celui des Moscovites. Les femmes trouvaient tout cela unpeu sauvage et assez effrayant.Marie de Gonzague était importunée des saluts profonds etdes grâces orientales de cet étranger et de sa suite. Toutes lesfois qu’il passait devant elle, il se croyait obligé de lui adresserun <strong>com</strong>pliment à moitié français, où il mêlait gauchementquelques mots d’espérance et de royauté. Elle ne trouvad’autre moyen de s’en défaire que de porter plusieurs fois sonmouchoir à son nez en disant assez haut à la Reine :– En vérité, madame, ces messieurs ont une odeur sur euxqui fait mal au cœur.– Il faudra bien raffermir votre cœur, cependant, et vous accoutumerà eux, répondit Anne d’Autriche un peu sèchement.Puis tout à coup, craignant de l’avoir affligée :240

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