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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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Lorsqu’ils entrèrent chez la Reine, annoncés par des huissiersvêtus de noir et portant une verge d’ébène, elle était assiseà sa toilette. C’était une sorte de table d’un bois noir, plaquéed’écaillé, de nacre et de cuivre incrustés, et formant uneinfinité de dessins d’assez mauvais goût, mais qui donnaient àtous les meubles un air de grandeur qu’on y admire encore ; unmiroir arrondi par le haut, et que les femmes du monde trouveraientaujourd’hui petit et mesquin, était seulement posé aumilieu de la table ; des bijoux et des colliers épars la couvraient.Anne d’Autriche, assise devant et placée sur un grandfauteuil de velours cramoisi à longues franges d’or, restait immobileet grave <strong>com</strong>me sur un trône, tandis que dona Stephaniaet M me de Motteville donnaient de chaque côté quelquescoups de peigne fort légers, <strong>com</strong>me pour achever la coiffure dela Reine, qui était cependant en fort bon état, et déjà entremêléede perles tressées avec ses cheveux blonds. Sa longue chevelureavait des reflets d’une beauté singulière, qui annonçaientqu’elle devait avoir au toucher la finesse et la douceurde la soie. Le jour tombait sans voile sur son front ; il ne devaitpoint redouter cet éclat, et en jetait un presque égal par sa surprenanteblancheur, qu’elle se plaisait à faire briller ainsi ; sesyeux bleus mêlés de vert étaient grands et réguliers, et sabouche, très-fraîche, avait cette lèvre inférieure des princessesd’Autriche, un peu avancée et fendue légèrement en forme decerise, que l’on peut remarquer encore dans tous les portraitsde cette époque. Il semble que leurs peintres aient pris à tâched’imiter la bouche de la Reine, pour plaire peut-être auxfemmes de sa suite, dont la prétention devait être de lui ressembler.Les vêtements noirs, adoptés alors par la cour et dontla forme fut même fixée par un édit, relevaient encore l’ivoirede ses bras, découverts jusqu’au coude et ornés d’une profusionde dentelles qui sortaient de ses larges manches. Degrosses perles pendaient à ses oreilles et un bouquet d’autresperles plus grandes se balançait sur sa poitrine et se rattachaità sa ceinture. Tel était l’aspect de la Reine en ce moment. Àses pieds, sur deux coussins de velours, un enfant de quatreans jouait avec un petit canon qu’il brisait : c’était le Dauphin,depuis <strong>Louis</strong> XIV. La duchesse Marie de Mantoue était assise àsa droite sur un tabouret, la princesse de Guéménée, la duchessede Chevreuse et M lle de Montbazon, M lle de Guise, de205

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