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Cinq-Mars (Une conjuration sous Louis XIII) - Lecteurs.com

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grands chênes, loin de toutes les routes, on rencontre tout àcoup un château royal, ou plutôt magique. On dirait que,contraint par quelque lampe merveilleuse, un génie de l’Orientl’a enlevé pendant une des mille nuits, et l’a dérobé aux paysdu soleil pour le cacher dans ceux du brouillard avec lesamours d’un beau prince. Ce palais est enfoui <strong>com</strong>me un trésor; mais à ses dômes bleus, à ses élégants minarets, arrondissur de larges murs ou élancés dans l’air, à ses longues terrassesqui dominent les bois, à ses flèches légères que le ventbalance, à ses croissants entrelacés partout sur les colonnades,on se croirait dans les royaumes de Bagdad ou de Cachemire,si les murs noircis, leur tapis de mousse et de lierre, et la couleurpâle et mélancolique du ciel, n’attestaient un pays pluvieux.Ce fut bien un génie qui éleva ces bâtiments ; mais ilvint d’Italie et se nomma le Primatice ; ce fut bien un beauprince dont les amours s’y cachèrent ; mais il était Roi, et senommait François I er . Sa salamandre y jette ses flammes partout; elle étincelle mille fois sur les voûtes, et y multiplie sesflammes <strong>com</strong>me les étoiles d’un ciel ; elle soutient les chapiteauxavec sa couronne ardente ; elle colore les vitraux de sesfeux ; elle serpente avec les escaliers secrets, et partoutsemble dévorer de ses regards flamboyants les triples croissantsd’une Diane mystérieuse, cette Diane de Poitiers, deuxfois déesse et deux fois adorée dans ces bois voluptueux.Mais la base de cet étrange monument est <strong>com</strong>me lui pleined’élégance et de mystère : c’est un double escalier qui s’élèveen deux spirales entrelacées depuis les fondements les pluslointains de l’édifice jusqu’au-dessus des plus hauts clochers,et se termine par une lanterne ou cabinet à jour, couronnéed’une fleur de lis colossale, aperçue de bien loin ; deuxhommes peuvent y monter en même temps sans se voir.Cet escalier lui seul semble un petit temple isolé ; <strong>com</strong>menos églises, il est soutenu et protégé par les arcades de sesailes minces, transparentes, et, pour ainsi dire, brodées à jour.On croirait que la pierre docile s’est ployée <strong>sous</strong> le doigt del’architecte ; elle paraît, si l’on peut le dire, pétrie selon les capricesde son imagination. On conçoit à peine <strong>com</strong>ment lesplans en furent tracés, et dans quels termes les ordres furentexpliqués aux ouvriers ; cela semble une pensée fugitive, une227

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