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50 LES CHEVAUX RUSSES.
troupeau enlevé. Mais ce qu'il y a de plus remarquable,
ce sont les courses des Kirghizes, qui ont lieu ordinairement
pendant la célébration de quelques fêtes. Les distances à
parcourir sont extraordinaires pour les chevaux européens :
25, 30 et jusqu'à 50 à 60 verstes (27, 32, 53 et 64 kilo­
mètres) d'une seule traite. Avant de commencer les courses,
on choisit les juges dont une partie reste sur place pour
surveiller le départ des rivaux et l'autre se rend sur le
lieu de destination. Les cavaliers concurrents se mettent
en ligne et, à un signal donné, ils s'élancent de toute la
force de leurs chevaux. Les vainqueurs, c'est-à-dire ceux qui
arrivent les premiers à destination, reçoivent en récom­
pense des prix dont les premiers sont souvent d'une grande
valeur : une centaine de chevaux, cent ou deux cents moutons,
plusieurs chameaux, des armes précieuses, etc. ; les seconds
prix et les autres qui suivent ne sont quelquefois repré­
sentés que par un seul mouton. Peu nombreux sont les vain­
queurs, mais tous les coureurs doivent tâcher d'arriver à
destination d'une manière ou d'une autre, car celui qui
n'arrive pas est déshonoré pour toujours. Pour éviter cet
opprobre, les parents des cavaliers dont les chevaux ont
perdu haleine avant d'arriver, traînent leurs montures à la
corde jusqu au bout.
On ne peut évaluer, même approximativement, le nombre
des chevaux kirghizes ; mais il doit y en avoir plusieurs millions
(pages 32-33), ce qui fait que les chevaux kirghizes méritent
une attention particulière non seulement par leurs qualités,
mais aussi par leur quantité. L'administration générale des
haras de l'Etat le comprend très bien, et emploie tous les
moyens en son pouvoir pour consolider et améliorer cette race,
qui pourra fournir à l'avenir une riche matière à l'élève des
chevaux non seulement en Russie, mais en Europe en général.