parents, familles et professionnels dans le cadre judiciaire - Derpad

Du côté de la volonté des parents- Le mariage a pour premier objectif d'asseoir le lien de filiation à l'égard du mari de lamère. La vérité biologique est censée correspondre au lien de filiation établi (ce qui expliquenotamment la grande rigueur - il y a encore peu - à l'encontre de l'adultère commis par lesfemmes). Mais les possibilités de contestation de la filiation légitime par la vérité biologiquesont réduites : le mari de la mère peut contester sa paternité dans un délai très bref (six mois àcompter de la naissance ou de la découverte de la fraude par le père) afin d'assurer unestabilité maximale au lien de filiation. La mère peut également contester la paternité de sonépoux, lorsque, après dissolution du lien conjugal, elle se remarie avec le « véritable père » deson enfant ; elle doit agir dans les six mois du remariage et avant les sept ans de l'enfant.- La filiation adoptive trouve sa source par excellence dans la volonté des parents.- L'acte de reconnaissance par les père et mère d'un enfant naturel (né hors mariage)appuie également la filiation de l'enfant sur la volonté des parents.La filiation peut alors être complètement déconnectée de la vérité biologique, et il n'est pasrare qu'un homme reconnaisse un enfant de sa compagne, pour assurer une stabilité familialeet une filiation à l'enfant.Ces reconnaissances ne sont pas illégales (dès lors que l'enfant n'a pas de filiation déjàétablie). Elles subordonnent seulement la filiation à la solidité du couple qui se construit, cequi pose souvent des difficultés. En effet, pourquoi ne pas contester un lien de filiation qui nes'appuie pas sur la réalité biologique lorsque le couple se défait ?Un homme ayant reconnu un enfant peut, en effet, contester sa paternité, sauf s'il s'estcomporté en tant que père pendant au moins dix ans (c'est ce qu'on appelle la « possessiond'état »). À une époque où le lien conjugal est de plus en plus aléatoire, cela peut entraînerpour un mineur des filiations paternelles successives, alors que l'enfant se construit etconstruit sa place sociale.On voit bien alors la difficulté d'articuler filiation, vérité biologique et histoire affective dumineur. Car la filiation ne correspond pas plus systématiquement à la relation affective qu'à lavérité biologique.- L'accouchement sous X permet à la mère par sa simple volonté de priver son enfantd'une filiation conforme à la réalité biologique.- La procréation médicalement assistée avec donneur entraîne, à l'égard du père, unefiliation qui ne repose que sur la volonté et qui ne peut pas être contestée par la suite, ycompris en faisant appel à la vérité biologique.Du côté de la vérité biologiqueL'avancée du « droit aux origines » est indéniable et peut fragiliser l'établissement durable dela filiation.C'est ainsi que la paternité peut être judiciairement déclarée, contre la volonté du père (ce quin'est pas le cas pour les mères qui peuvent du même coup interdire à tout jamaisl'établissement judiciaire de la maternité, et par conséquent de la paternité). Et l'affaireMontand, pour laquelle la recherche de la vérité biologique a contraint d'exhumer un mort,33