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– Désolé, je ne peux pas rester, répond-il.Il se penche en avant pour me demander :– T’as une minute ?Je me lève en faisant un signe d’<strong>au</strong> revoir à <strong>ce</strong>ux du groupe qui suivent la scène (à savoir Zeke, vu queChristina et Hector fixent leurs assiettes et qu’Uriah et Marlene chuchotent entre eux). Et je sors de lacafétéria avec Tobias.– On va où ?– À la voie ferrée. J’ai un rendez-vous, et j’<strong>au</strong>rais besoin de toi pour m’aider à décoder la situation.On prend l’un des chemins qui grimpent le long des parois de la Fosse, vers les escaliers qui mènent àla Flèche.– Pourquoi moi ?– Par<strong>ce</strong> que tu es plus douée que moi pour ça.Je ne trouve rien à objecter. On monte les marches jusqu’<strong>au</strong> plancher de verre de la tour. Sur le cheminde la sortie, on passe par la salle sombre dans laquelle j’affrontais mon paysage des peurs. À en juger parla seringue qui traîne par terre, quelqu’un y est venu ré<strong>ce</strong>mment.– Tu as traversé ton paysage des peurs <strong>au</strong>jourd’hui ? demandé-je à Tobias.– Pourquoi <strong>ce</strong>tte question ?Son regard bleu foncé croise brièvement le mien.Il ouvre la porte de la tour et l’air estival m’enveloppe. Il n’y a pas un souffle de vent.– Tu as des coupures sur les doigts et quelqu’un s’est servi de la salle.– Qu’est-<strong>ce</strong> que je disais ? Tu es bien plus perspica<strong>ce</strong> que la moyenne des gens.Il consulte sa montre.– Je suis <strong>ce</strong>nsé prendre le train de 20 h 05. On ne doit pas traîner.Je ressens une bouffée d’espoir. Peut-être que <strong>ce</strong>tte fois, on ne va pas se disputer. Peut-être que leschoses vont finir par s’arranger entre nous.On gagne la voie ferrée. La dernière fois qu’il m’a amenée ici, c’était pour me montrer que leslumières restaient allumées toute la nuit <strong>au</strong> siège des Érudits, et m’expliquer qu’ils préparaient uneattaque sur les Altruistes. Aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est pour rencontrer les sans-faction.– En tout cas, je suis assez perspica<strong>ce</strong> pour voir que tu éludes ma question.Il soupire.– Oui, j’ai traversé mon paysage des peurs. Je voulais savoir s’il avait changé.– Je parie que oui.Il écarte une mèche de son visage en fuyant mon regard. Je ne m’étais pas rendu compte qu’il avait lescheveux <strong>au</strong>ssi épais – ça ne se voyait pas quand il les coupait presque à ras, à la mode Altruiste. Depuis,ils ont poussé et ne vont pas tarder à lui retomber sur le front. Ça lui donne un air moins menaçant, quicorrespond plus à la personne que j’ai appris à connaître.– Gagné, me répond-il. En revanche, le nombre n’a pas changé.La sirène du train retentit sur notre g<strong>au</strong>che, mais la lumière de la locomotive n’est pas allumée. Leconvoi glisse sur les rails comme un gros animal tapi qui chercherait à éviter l’attention.– Cinquième wagon ! me crie Tobias.On se met à courir. Au nive<strong>au</strong> du cinquième wagon, je saisis la poignée de la portière et je tire detoutes mes for<strong>ce</strong>s. J’essaie de projeter mes jambes à l’intérieur, mais je rate mon coup ; elles passent bientrop près des roues. Je pousse un cri et me hisse à l’intérieur dans une secousse, en m’éraflant le genousur le plancher.Tobias me suit une seconde après et s’agenouille à côté de moi. Je serre les dents, les mains presséessur mon genou.– Laisse-moi voir, me dit-il.

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