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CHAPITRE TRENTE ET UNCette nuit-là, je rêve, pas de Tobias ni de Will, mais de ma mère. On est dans les vergers desFraternels, où les pommes mûres pendent à quelques <strong>ce</strong>ntimètres <strong>au</strong>-dessus de nos têtes. Les feuillesprojettent leurs ombres sur son visage et elle est vêtue de noir, bien que je ne l’aie jamais vue habilléeainsi de son vivant. Elle m’apprend à faire des tresses sur ses cheveux et rit de mes maladresses.Je me réveille en me demandant comment j’ai fait pour ne pas remarquer, tout <strong>au</strong> long de <strong>ce</strong>s années oùj’ai pris mon petit-déjeuner en fa<strong>ce</strong> d’elle, qu’elle était si débordante d’énergie Audacieuse. Était-<strong>ce</strong>par<strong>ce</strong> qu’elle le cachait bien ? Ou par<strong>ce</strong> que je ne faisais pas attention ?J’enfouis mon visage dans le min<strong>ce</strong> matelas sur lequel j’ai dormi. Je ne la connaîtrai jamais vraiment.Mais <strong>au</strong> moins, elle ne s<strong>au</strong>ra jamais <strong>ce</strong> que j’ai fait à Will. Je ne crois pas que j’<strong>au</strong>rais pu le supporter.Un peu plus tard, je suis Peter dans le couloir en clignant des p<strong>au</strong>pières pour chasser de mes yeux labrume du sommeil.– Peter…J’ai mal à la gorge. J’ai dû crier dans mon rêve.– … quelle heure est-il ?Il porte une montre, mais le cadran est masqué. Il ne prend même pas la peine de la consulter.– C’est bizarre que tu passes ton temps à m’escorter, non ? demandé-je. Tu n’es pas <strong>ce</strong>nsé t’occuper àje ne sais quelle activité de dépravé ? Du genre frapper des chiots à coups de pied ou espionner les fillespendant qu’elles se déshabillent ?– Je sais <strong>ce</strong> que tu as fait à Will, figure-toi. Alors ne te crois pas meilleure que moi. Toi et moi, on nev<strong>au</strong>t pas mieux l’un que l’<strong>au</strong>tre.Le seul point qui distingue un couloir d’un <strong>au</strong>tre, ici, c’est leur longueur. Je décide de les identifier parle nombre de pas que je mets à les parcourir. Dix. Quarante-sept. Vingt-neuf.– Tu te trompes, objecté-je. On est peut-être m<strong>au</strong>vais tous les deux, mais il y a une énorme différen<strong>ce</strong>entre nous : je ne me satisfais pas de <strong>ce</strong> que je suis.Peter ricane dou<strong>ce</strong>ment, tandis qu’on avan<strong>ce</strong> entre les paillasses des Érudits. C’est là que je me rendscompte de l’endroit où je suis, et de <strong>ce</strong>lui où on va : on est sur le chemin de la salle que Jeanine m’amontrée le premier jour. Celle où je serai exécutée. Je suis prise d’un tremblement si violent que jeclaque des dents et que j’ai du mal à continuer de marcher ou de penser. « Ce n’est qu’une salle, me disje.Rien qu’une salle, une salle comme les <strong>au</strong>tres. »Quelle menteuse je suis.Cette fois, les lieux ne sont pas déserts. Quatre traîtres Audacieux tournent en rond dans un coin et deuxÉrudits, une femme à la pe<strong>au</strong> mate et un homme d’âge mûr, tous deux vêtus de blouses de laboratoire,entourent Jeanine près de la table métallique installée <strong>au</strong> <strong>ce</strong>ntre de la piè<strong>ce</strong>. Plusieurs machines sontdisposées <strong>au</strong>tour, reliées à des tas de fils.L’usage de la plupart de <strong>ce</strong>s machines m’échappe, mais l’une d’elles est un moniteur cardiaque. Quecompte faire Jeanine qui exige <strong>ce</strong> moniteur cardiaque ?– Allongez-la sur la table, ordonne-t-elle d’un ton las.Je fixe un instant la plaque de métal qui m’attend. Et si elle avait avancé la date de mon exécution ? Etsi c’était <strong>au</strong>jourd’hui que je devais mourir ? Les mains de Peter se resserrent en ét<strong>au</strong> <strong>au</strong>tour de mes braset je me débats de toutes mes for<strong>ce</strong>s pour me libérer.Mais il me soulève sans peine en évitant mes coups de pied et me plaque sur la table métallique, siviolemment que j’en ai le souffle coupé. À demi suffocante, je balan<strong>ce</strong> mon poing <strong>au</strong> hasard. Il rencontrele poignet de Peter, qui grima<strong>ce</strong> de douleur. Entre-temps, les <strong>au</strong>tres traîtres Audacieux se sont approchéspour l’aider.

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