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En début d’après-midi, un groupe d’Audacieux en armes m’escorte à la salle de bains. Je prends montemps. Je laisse l’e<strong>au</strong> ch<strong>au</strong>de couler sur mes mains jusqu’à <strong>ce</strong> qu’elles rougissent, les yeux fixés sur monreflet <strong>au</strong>-dessus du lavabo. Chez les Altruistes, où je n’avais le droit de me regarder dans un miroirqu’une fois tous les trois mois, je m’étonnais de pouvoir changer <strong>au</strong>tant en si peu de temps. Cette fois, il<strong>au</strong>ra suffi de trois jours.Je parais plus âgée. C’est peut-être à c<strong>au</strong>se des cheveux courts, ou simplement par<strong>ce</strong> que tout <strong>ce</strong> quis’est passé s’affiche sur mon visage.Moi qui ai toujours pensé que je me réjouirais le jour où je n’<strong>au</strong>rais plus l’air d’une petite fille, je nesens qu’une boule dans ma gorge. Je ne suis plus la fille que mes parents ont connue. Ils ne me connaîtrontjamais telle que je suis devenue.Je me détourne du miroir et je pousse la porte du couloir.Quand les Audacieux me ramènent dans la <strong>ce</strong>llule de détention, je m’attarde près de la porte. Tobias ala même allure que le jour de notre première rencontre : tee-shirt noir, cheveux courts, expression grave.Avant, le simple fait de le voir m’emplissait d’une excitation fébrile. Je me rappelle le moment où je luiai pris la main devant la salle d’entraînement, et <strong>ce</strong>lui où on s’est assis ensemble sur les rochers près dugouffre. Et je donnerais cher pour retrouver <strong>ce</strong>s instants-là.– Tu as faim ? me lan<strong>ce</strong>-t-il.Il prend un sandwich dans une assiette posée à côté de lui et me le tend.Je m’assieds avec mon sandwich et j’appuie ma tête sur son ép<strong>au</strong>le. Il ne nous reste plus qu’à attendre.On finit le contenu de l’assiette. Quand la position assise devient inconfortable, on s’allonge par terre,ép<strong>au</strong>le contre ép<strong>au</strong>le, fixant le même coin de plafond blanc.– Qu’est-<strong>ce</strong> que tu as peur de dire ? me demande-t-il soudain.– Tout. N’importe quoi. Je ne veux rien revivre de tout ça.D’un hochement de tête, il me signifie qu’il comprend. Je ferme les yeux et je fais semblant de dormir.Il n’y a pas d’horloge dans la piè<strong>ce</strong>, et je pourrais croire que le temps n’existe pas, sans <strong>ce</strong>tte sensationde pression qui m’écrase contre le carrelage, de plus en plus forte à mesure qu’on se rapproche de dixneufheures.Je ne me sentirais peut-être pas <strong>au</strong>ssi oppressée s’il n’y avait pas <strong>ce</strong> sentiment de culpabilité – <strong>ce</strong>lled’avoir enfoui la vérité quelque part où personne ne peut la voir, pas même Tobias. Peut-être que je nedevrais pas avoir si peur de parler, peut-être que la sincérité va me rendre plus légère.J’ai dû finir par m’endormir, par<strong>ce</strong> que le bruit de la porte qui s’ouvre me réveille en surs<strong>au</strong>t. Pendantqu’on se lève, des Audacieux entrent dans la piè<strong>ce</strong> et quelqu’un pronon<strong>ce</strong> mon nom. Christina bousculeles <strong>au</strong>tres pour passer et vient me serrer dans ses bras. Je lâche un cri quand ses doigts s’enfon<strong>ce</strong>nt dansmon ép<strong>au</strong>le.– Blessure par balle, expliqué-je. Aoutch !– Oh, min<strong>ce</strong> ! s’exclame-t-elle en me lâchant. Désolée, Tris.Elle n’a plus la tête de la Christina que je connais. Ses cheveux sont plus courts, avec une coupemasculine, et sa pe<strong>au</strong> a viré du brun ch<strong>au</strong>d <strong>au</strong> grisâtre. Elle me sourit, mais son sourire ne monte pasjusqu’à ses yeux et son regard reste las. J’essaie de faire bonne figure, mais je suis trop nerveuse.Christina va assister à l’interrogatoire. Elle va entendre <strong>ce</strong> que j’ai fait à Will. Elle ne me le pardonnerajamais.À moins que je lutte contre le sérum, que je ravale la vérité… si j’en suis capable.Mais qu’est-<strong>ce</strong> que je veux vraiment ? Laisser la vérité me ronger les entrailles indéfiniment ?– Ça va ? me demande-t-elle tandis qu’on quitte la piè<strong>ce</strong>. Quand j’ai appris que vous étiez là, j’aidemandé à vous escorter. Je sais que vous n’êtes pas coupables. Vous n’êtes pas des traîtres.– Ça va. Et je te remercie. Et toi ?

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