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– On va s’occuper de tes pieds, me dit-il.Mais il ne bouge pas, se contentant de dépla<strong>ce</strong>r les doigts vers mon coude.– OK.On entre dans la salle de bains, qui est contiguë, et je m’assieds sur le bord de la baignoire. Il prendpla<strong>ce</strong> à côté de moi, met la bonde et tourne le robinet, une main sur mon genou. L’e<strong>au</strong> monte dans labaignoire et se teinte de rose en recouvrant mes orteils.Tobias se penche, pose mon pied sur ses genoux et tamponne les plus grosses entailles avec un gant detoilette. Je ne sens rien, même quand il fait mousser du savon sur les plaies. L’e<strong>au</strong> devient grise.Je prends le savon que je tourne entre mes mains jusqu’à <strong>ce</strong> qu’elles soient couvertes de mousseblanche. Puis je me penche vers lui et je fais courir mes doigts sur ses mains en suivant soigneusement leslignes de ses p<strong>au</strong>mes et les espa<strong>ce</strong>s entre ses doigts. Ça fait du bien de faire des gestes simples, de laverquelque chose, et <strong>au</strong>ssi de le toucher de nouve<strong>au</strong>.On inonde le plancher de la salle de bains en s’aspergeant pour se rin<strong>ce</strong>r. L’e<strong>au</strong> froide me faitfrissonner, mais ça ne me gêne pas. Il prend une serviette et commen<strong>ce</strong> à me sécher les mains.– Je ne… commencé-je.Ma voix s’étrangle.– … Dans ma famille, il n’y a que des morts ou des traîtres. Comment est-<strong>ce</strong> que je vais pouvoir…Je n’arrive pas à formuler une pensée cohérente. Les sanglots envahissent ma tête et mon corps. Il meprend dans ses bras et l’e<strong>au</strong> du bain me mouille les jambes. Il me serre fort. J’écoute son cœur qui bat et,<strong>au</strong> bout d’un moment, <strong>ce</strong> rythme régulier parvient à me calmer.– Je serai ta famille, me murmure-t-il.– Je t’aime.Je l’ai dit une fois, avant de me rendre <strong>au</strong> siège des Érudits, mais il dormait, alors. Je ne sais paspourquoi je ne le lui ai jamais dit à un moment où il pouvait l’entendre. J’avais peut-être peur de luiconfier une chose <strong>au</strong>ssi personnelle que mon attachement. Ou de ne pas savoir <strong>ce</strong> que c’était que d’aimerquelqu’un. Maintenant, je crois que le plus effrayant est d’avoir failli ne pas le dire avant qu’il ne soittrop tard. Avant qu’il ne soit trop tard pour moi.Je lui appartiens et il m’appartient, et c’est comme ça depuis le début.Il me dévisage. J’attends sa réponse en m’agrippant à ses mains pour me soutenir.Il fron<strong>ce</strong> les sourcils.– Répète-moi ça.– Tobias, je t’aime.Sa pe<strong>au</strong> mouillée glisse et il sent la sueur ; le tissu de ma chemise adhère à ses bras quand il les replie<strong>au</strong>tour de moi. Il enfouit le visage dans mon cou et m’embrasse juste <strong>au</strong>-dessus de la clavicule, puis sur lajoue, puis sur la bouche.– Moi <strong>au</strong>ssi, je t’aime.

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