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Peter reste sur mes talons, prêt à me s<strong>au</strong>ter dessus si j’essayais de m’enfuir. Ce que je ne ferai pas. Jen’irais pas loin. Au bout d’un couloir, de deux tout <strong>au</strong> plus, je serais perdue. Même sans gardes pour m’enempêcher, je serais incapable de sortir d’ici.– Affichez-les ici, ordonne Jeanine en désignant le grand écran fixé sur le mur de g<strong>au</strong>che.Un Érudit pianote sur son clavier et une image apparaît sur le mur. Une image de mon <strong>ce</strong>rve<strong>au</strong>.Je ne comprends pas bien <strong>ce</strong> que je vois. Je sais à quoi ressemble un <strong>ce</strong>rve<strong>au</strong>, et globalement quellepartie remplit quelle fonction, mais je ne suis pas en mesure de comparer le mien à <strong>ce</strong>ux des <strong>au</strong>tres.Jeanine se tapote le menton en fixant l’image pendant <strong>ce</strong> qui me paraît être une éternité.Enfin, elle déclare :– Que quelqu’un expose à Mlle Prior le rôle du cortex préfrontal.– C’est la zone du <strong>ce</strong>rve<strong>au</strong> qui se situe juste derrière le front, explique l’une des scientifiques. Elleorganise les pensées et les actions qui permettent à l’individu d’atteindre ses objectifs.Ses grosses lunettes rondes lui agrandissent les yeux et elle ne semble pas be<strong>au</strong>coup plus âgée que moi.– Exactement, dit Jeanine. Maintenant, que quelqu’un me dise <strong>ce</strong> qu’il observe dans le cortex préfrontallatéral de Mlle Prior.– Il est gros, commente un <strong>au</strong>tre Érudit, dont le crâne commen<strong>ce</strong> à se dégarnir.– Pouvez-vous préciser ? exige Jeanine d’un ton cassant.Je me rends compte que je suis dans une sorte de salle de classe, par<strong>ce</strong> que chaque piè<strong>ce</strong> contenantplus d’un Érudit en est une. Et Jeanine est visiblement la plus précieuse de leurs professeurs. Tousboivent ses paroles la bouche ouverte, les yeux avides, guettant l’occasion de l’impressionner.– Il est be<strong>au</strong>coup plus gros que la moyenne, rectifie l’homme qui perd ses cheveux.– C’est mieux, approuve Jeanine en inclinant la tête. C’est même l’un des plus gros cortex préfront<strong>au</strong>xlatér<strong>au</strong>x qu’il m’ait été donné de voir. En revanche, le cortex orbitofrontal est remarquablement petit.Qu’indiquent <strong>ce</strong>s deux données ?– Le cortex orbitofrontal est le <strong>ce</strong>ntre de récompense du <strong>ce</strong>rve<strong>au</strong>, dit quelqu’un. Ceux qui ont un cortexorbitofrontal développé adoptent des comportements de recherche de la récompense. Cela signifie que letype de comportement de Mlle Prior est éloigné de <strong>ce</strong>tte recherche.– Pas seulement, nuan<strong>ce</strong> Jeanine.Elle a un petit sourire. L’éclairage bleuté illumine ses pommettes et son front en enfonçant dansl’ombre l’orbite de ses yeux.– Cela nous renseigne non seulement sur son comportement, mais <strong>au</strong>ssi sur ses désirs. Ce n’est pas larécompense qui la motive. Pourtant, elle est particulièrement apte à diriger ses pensées et ses actes demanière à parvenir à ses fins. Ceci explique son penchant vers des comportements nuisibles maisdésintéressés, et peut-être également sa capacité à échapper <strong>au</strong>x simulations. Comment <strong>ce</strong>la modifie-t-ilnotre approche du nouve<strong>au</strong> sérum de simulation ?– Il f<strong>au</strong>drait qu’il supprime en partie, mais non en totalité, l’activité du cortex préfrontal, répond lascientifique <strong>au</strong>x lunettes rondes.– Tout à fait, confirme Jeanine.Elle me regarde enfin, les yeux brillants d’excitation.– C’est donc ainsi que nous procéderons, conclut-elle. Ceci remplit-il ma part du marché, Mlle Prior ?J’ai la bouche sèche et du mal à avaler ma salive.Que se passera-t-il s’ils suppriment l’activité de mon cortex préfrontal ? S’ils altèrent ma capacité àprendre des décisions ? Que se passera-t-il si je deviens esclave des simulations, comme tous les <strong>au</strong>tres ?Si je perds entièrement de vue la réalité ?Je n’avais jamais songé que toute ma personnalité, tout mon être, pouvaient être résumés à un sousproduitmécanique de mes spécificités anatomiques. Et si je n’étais qu’un individu doté d’un gros cortexpréfrontal… et rien de plus ?

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