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Fraternels, <strong>ce</strong> sont sans doute des Érudits. Je dois quand même m’en assurer.J’agrippe à deux mains la branche qui se trouve <strong>au</strong>-dessus de ma tête et m’y hisse à la for<strong>ce</strong> du brasg<strong>au</strong>che, en m’étonnant d’en être encore capable. Je m’accroupis, des feuilles et des brindilles dans lescheveux. Sous mon poids, quelques fruits tombent par terre.Les pommiers ne sont pas de grands arbres ; je n’arriverai peut-être pas à voir assez loin. Alors jecontinue à escalader en me retenant où je le peux avec les mains, naviguant d’un point d’appui à un <strong>au</strong>trecomme dans une toile d’araignée géante.Mes muscles tremblent et mes mains sont en feu. Ça me rappelle mon as<strong>ce</strong>nsion de la grande roue, surla jetée. J’ai be<strong>au</strong> être blessée, je suis plus forte <strong>au</strong>jourd’hui qu’alors et l’exerci<strong>ce</strong> me paraît plus facile.À mesure que je grimpe, les branches deviennent plus fines, moins résistantes. J’évalue la suivante enpassant la langue sur mes lèvres sèches. Il f<strong>au</strong>t que je monte le plus h<strong>au</strong>t possible, mais <strong>ce</strong>lle que je viseest courte et semble fragile. Je pose un pied dessus pour tester sa solidité. Elle plie, mais elle tient. Je mehisse, pose l’<strong>au</strong>tre pied, et la branche cède.Je glisse, le souffle coupé, et me rattrape <strong>au</strong> tronc à la dernière seconde. Je n’irai pas plus h<strong>au</strong>t. Deboutsur la pointe des pieds, je plisse les yeux dans la direction du bruit.Je ne vois d’abord rien d’<strong>au</strong>tre qu’un espa<strong>ce</strong> de terre cultivée et, plus loin, une zone en friche, laClôture, puis les champs jusqu’<strong>au</strong>x premières constructions qui se dressent <strong>au</strong>-delà. Dans un deuxièmetemps, je distingue des points qui bougent en direction du portail et lan<strong>ce</strong>nt des éclairs argentés quand lalumière les accroche. Des voitures <strong>au</strong>x toits noirs ; des panne<strong>au</strong>x solaires. Ce qui ne peut vouloir direqu’une chose : <strong>ce</strong> sont bien les Érudits.Je serre les dents. Sans me laisser le temps de penser, je des<strong>ce</strong>nds, un pied puis l’<strong>au</strong>tre, si vite que despans d’écor<strong>ce</strong> se détachent et tombent par terre. Je me mets à courir dès que je touche le sol.Je compte les rangées d’arbres que je traverse. Sept, huit. Ma tête frôle les branches basses. Neuf, dix.J’accélère en maintenant mon bras droit contre ma poitrine, et chaque pas réveille la douleur dans monép<strong>au</strong>le. Onze, douze.Arrivée à la treizième rangée, je me jette sur la droite dans l’une des allées. Les arbres y sont plantésen rangs plus serrés. Leurs branches entremêlées forment un lacis de feuilles, de brindilles et de fruits <strong>au</strong>dessusde ma tête.Mes poumons me brûlent, mais je suis presque <strong>au</strong> bout du verger. Des gouttes de sueur coulent dansmes sourcils. J’atteins le réfectoire, je pousse la porte, je bouscule un groupe de Fraternels et Tobias estlà, attablé avec Peter, Caleb et Susan. Je les vois flous à c<strong>au</strong>se des points qui troublent ma vision. Tobiasme touche l’ép<strong>au</strong>le.– Les Érudits…C’est tout <strong>ce</strong> que j’arrive à dire.– Ils viennent ici ?Je hoche la tête.– On a le temps de s’enfuir ?Ça, je n’en sais trop rien.Entre-temps, les Altruistes installés en bout de table ont remarqué qu’il se passait quelque chose et serassemblent <strong>au</strong>tour de nous.– Pourquoi devrait-on s’enfuir ? demande Susan. Les Fraternels ont fait de <strong>ce</strong>t endroit un refuge. Lesconflits sont interdits.– Ils <strong>au</strong>ront du mal à imposer leurs règles, objecte Marcus. Comment veux-tu arrêter un conflit sanspasser par le conflit ?Susan acquies<strong>ce</strong>.– Mais on ne peut pas partir, intervient Peter. On n’a pas le temps. Ils nous verraient.– Tris a une arme, précise Tobias. On peut essayer de se battre pour sortir.

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