Je passe la nuit debout, à retirer des aiguilles des bras des gens. Au bout de quelques heures, je ne mepréoccupe plus d’y aller dou<strong>ce</strong>ment. Je les arrache en tirant de toutes mes for<strong>ce</strong>s.J’apprends que le petit Sincère qu’Eric a tué d’une balle dans la tête s’appelait Bobby, qu’Eric estdans un état stationnaire et que, sur les <strong>ce</strong>ntaines de personnes hébergées dans le Marché des Médisants,seules quatre-vingts n’ont pas été piquées, dont soixante-dix Audacieux, parmi lesquels Christina. Toutela nuit, je me creuse la <strong>ce</strong>rvelle à propos d’injections et de simulations, en tâchant de raisonner commemes ennemis.Au matin, étant venue à bout de toutes les aiguilles, je me rends à la cafétéria en me frottant les yeux.Jack Kang a annoncé une réunion à midi, j’<strong>au</strong>rai peut-être le temps de dormir un peu après avoir mangé.À l’instant où j’entre dans la cafétéria, je vois Caleb.Il se précipite vers moi et me prend délicatement dans ses bras. Je lâche un soupir de soulagement.Moi qui croyais m’être assez détachée de mon frère pour pouvoir me passer de lui, je prends conscien<strong>ce</strong>qu’il n’en est rien. Je me laisse aller contre lui quelques secondes, et mes yeux rencontrent <strong>ce</strong>ux deTobias par-dessus son ép<strong>au</strong>le.– Ça va ? me demande Caleb en s’écartant. Ta mâchoire…– Ce n’est rien, le rassuré-je. Juste une contusion.– On m’a raconté qu’ils avaient capturé un groupe de Divergents et qu’ils avaient commencé à lesabattre. Quel soulagement qu’ils ne t’aient pas trouvée !– En fait, si, j’étais dans <strong>ce</strong> groupe, rectifié-je. Mais ils n’en ont tué qu’un.Je pin<strong>ce</strong> l’arête de mon nez pour alléger la tension qui m’oppresse la tête.– Et je vais bien, ajouté-je. Tu es là depuis quand ?– Une dizaine de minutes. Je suis venu avec Marcus. En tant que responsable politique de notre faction,il a estimé de son devoir d’être ici. On a appris l’attaque il y a seulement une heure. Un sans-faction a vules Audacieux envahir l’immeuble. Les nouvelles mettent du temps à circuler, chez eux.– Marcus est vivant ? m’exclamé-je.Le fait est qu’on ne l’a pas vu se faire tuer quand on s’est évadés de l’en<strong>ce</strong>inte des Fraternels ; j’avaissimplement déduit de son absen<strong>ce</strong> qu’il était mort… Et je ne sais pas <strong>ce</strong> que je ressens. De la dé<strong>ce</strong>ption,par<strong>ce</strong> que je le hais pour la façon dont il a traité Tobias ? Du soulagement, par<strong>ce</strong> que les Altruistes ontencore un leader ? Ces deux sentiments sont-ils compatibles ?– Il a réussi à s’échapper avec Peter et ils ont regagné la ville à pied, me précise Caleb.Ce n’est clairement pas du soulagement que j’éprouve en apprenant que Peter a survécu.– Et où est Peter ? m’informé-je.– Là où on peut s’y attendre, répond Caleb avec une moue de mépris.– Chez les Érudits, dis-je en secouant la tête. Quel…Je n’arrive même pas à trouver un mot assez fort pour le décrire. Il f<strong>au</strong>t croire que je manque devocabulaire.Caleb hoche la tête et pose une main sur mon ép<strong>au</strong>le.– Tu as faim ? me propose-t-il. Tu veux que j’aille te chercher quelque chose ?– Oui, s’il te plaît. Je sors un instant ; je dois parler à Tobias.– OK.Après une petite tape fraternelle, Caleb s’éloigne, sans doute pour se joindre à la queue interminablequi part du buffet. Je me dirige vers Tobias et m’arrête à quelques mètres de lui. On reste plusieurssecondes sans bouger.Puis il s’approche lentement.– Ça va ? me demande-t-il.– Je crois que je vais vomir si on me pose encore une fois la question. Je n’ai pas de balle dans la tête,
si ? Donc, ça va.– Ta mâchoire est tellement gonflée qu’on dirait un hamster et tu viens de donner un coup de coute<strong>au</strong> àEric, me rappelle-t-il, les sourcils froncés. Je n’ai pas le droit de te demander comment tu te sens ?Je soupire. Je devrais lui annon<strong>ce</strong>r la nouvelle à propos de Marcus, mais le lieu me paraît mal choisi,avec tout <strong>ce</strong> monde.– Si. Ça va.Ses bras tressaillent, comme s’il avait failli me toucher. Après réflexion, il glisse un bras <strong>au</strong>tour demes ép<strong>au</strong>les et m’attire à lui.Je songe tout à coup qu’à l’avenir, je pourrais laisser les risques à d’<strong>au</strong>tres et adopter un comportementégoïste, pour rester <strong>au</strong>près de Tobias sans lui faire de mal. Je n’ai qu’une envie : enfouir mon visage <strong>au</strong>creux de son cou et tout oublier.– Désolé d’avoir mis <strong>au</strong>ssi longtemps à te sortir de là, murmure-t-il dans mes cheveux.Avec un soupir, j’effleure son dos du bout des doigts. Je pourrais rester ainsi jusqu’à m’évanouird’épuisement. Mais il ne f<strong>au</strong>t pas ; je ne peux pas me laisser aller. Alors je m’écarte en disant :– Je dois te parler. On peut trouver un endroit tranquille ?Il hoche la tête. En quittant la cafétéria, on croise un Audacieux qui se met à brailler :– Hé, regardez ! C’est Tobias Eaton !J’avais presque oublié l’interrogatoire, et le fait qu’il a révélé son nom à tous les Audacieux.– J’ai vu ton papa tout à l’heure, Eaton ! Tu vas courir te cacher ? beugle un <strong>au</strong>tre.Tobias se raidit, comme si on avait appuyé le canon d’un pistolet sur sa poitrine.– Ouais, tu vas te planquer, le dégonflé ?Des rires fusent. Je saisis Tobias par le bras pour l’entraîner jusqu’<strong>au</strong>x as<strong>ce</strong>nseurs sans lui laisser letemps de réagir. Il avait la tête de quelqu’un qui s’apprête à cogner. Ou pire.– J’allais te l’annon<strong>ce</strong>r, glissé-je. Il est venu avec Caleb. Peter et lui ont pu s’échapper…– Et tu attendais quoi pour me prévenir ?Il a parlé sans dureté. Sa voix paraît détachée, comme si elle flottait entre nous.– Ce n’est pas le genre de nouvelle qu’on balan<strong>ce</strong> dans une cafétéria, dis-je.– C’est vrai.On se tait en attendant l’as<strong>ce</strong>nseur. Tobias se mordille les lèvres, le regard absent. Il continue pendanttoute l’as<strong>ce</strong>nsion jusqu’<strong>au</strong> dix-septième étage, qui est désert. Le silen<strong>ce</strong> m’enveloppe et m’apaise, commel’a fait l’étreinte de Caleb. Je m’assieds sur un banc dans un coin de la salle d’interrogatoire et Tobiasdépla<strong>ce</strong> la chaise de Niles pour la poser en fa<strong>ce</strong> de moi.– Il n’y avait pas deux chaises, avant ? remarque-t-il en fronçant les sourcils.– Si. Je, heu… elle est tombée par la fenêtre.– Bizarre, fait-il en s’asseyant. Alors, qu’est-<strong>ce</strong> que tu voulais me dire ? C’était à propos de Marcus ?– Non. Mais… toi, ça va ? demandé-je prudemment.– Je ne me suis pas pris une balle dans la tête, si ? répond-il en fixant ses mains. Donc, ça va.J’aimerais bien qu’on parle d’<strong>au</strong>tre chose.– Je voudrais te parler des simulations, dis-je. Et d’un <strong>au</strong>tre truc avant : ta mère pensait qu’après lesAltruistes, Jeanine allait s’en prendre <strong>au</strong>x sans-faction. De toute éviden<strong>ce</strong>, elle s’est trompée. Et moi nonplus, je ne comprends pas. Les Sincères n’étaient pas franchement en train de prendre les armes.– Réfléchis. Remets tout à plat, à la manière des Érudits.Je lui jette un regard noir.– Quoi ? Tris, si toi, tu n’y arrives pas, nous, on n’a <strong>au</strong>cune chan<strong>ce</strong> d’y arriver.– OK. Alors… Les Audacieux et les Sincères sont sans doute les cibles les plus logiques. Par<strong>ce</strong> que…par<strong>ce</strong> que les sans-faction sont éparpillés alors qu’on est tous regroupés <strong>au</strong> même endroit.– D’accord, acquies<strong>ce</strong> Tobias. Par ailleurs, quand Jeanine a attaqué les Altruistes, elle s’est emparée
- Page 2 and 3:
Divergente2Veronica RothTraduit de
- Page 4 and 5:
À Nelson, qui méritait qu’on pr
- Page 6 and 7:
SommaireCouvertureCopyrightSommaire
- Page 8:
CHAPITRE UNJe m’éveille avec son
- Page 14 and 15:
souvenir de mon esprit. Si je me me
- Page 16 and 17:
un cercle avec Johanna et se metten
- Page 18 and 19:
- La dernière fois que j’ai conf
- Page 20 and 21:
peu à peu en un rictus amer, celui
- Page 22 and 23:
chemise grise et la coupe de cheveu
- Page 24 and 25:
Il a l’air calme, mais la tension
- Page 26 and 27:
- Bien, dis-je, la gorge nouée. Da
- Page 28 and 29:
quand il me touche comme s’il ne
- Page 30 and 31:
- Je ne te demande pas de comprendr
- Page 32 and 33:
sentez comment ?- Le vertige est un
- Page 34 and 35:
- Ça explique, reprend-il entre se
- Page 36 and 37:
Fraternels, ce sont sans doute des
- Page 38 and 39:
Il fronce le nez.- C’est tout ce
- Page 40 and 41: L’Audacieuse qui arrive le repèr
- Page 42 and 43: - Ça n’arrivera plus, répété-
- Page 44 and 45: Le sans-faction au pistolet me rapp
- Page 46 and 47: Des gens qui boivent de l’eau au
- Page 48 and 49: - Evelyn, l’interrompt-il. J’ai
- Page 50 and 51: - Certaines rumeurs prétendent que
- Page 52 and 53: - Je t’interdis de t’excuser, l
- Page 54 and 55: - J’ai fini. Tu peux me passer la
- Page 56 and 57: - C’est parti, dit-il.Je ne vois
- Page 58 and 59: CHAPITRE ONZEIls nous encerclent ma
- Page 60 and 61: En début d’après-midi, un group
- Page 62 and 63: - Je m’appelle Niles, nous dit-il
- Page 64 and 65: enfance s’il ne l’a pas décid
- Page 66 and 67: - Tu la connaissais déjà ?- Oui.-
- Page 68 and 69: Ma réponse m’étonne moi-même
- Page 70 and 71: CHAPITRE TREIZEJe me lève de ma ch
- Page 72 and 73: essayer de me tuer -, puis celle de
- Page 74 and 75: apidement qu’elle va me briser en
- Page 76 and 77: mental, réplique Lynn en lui enfon
- Page 78 and 79: traînent, assemblés par petits gr
- Page 80 and 81: tiennent dehors sur le trottoir, ar
- Page 82 and 83: ôte la sienne, d’abord le bras g
- Page 84 and 85: emarquablement à masquer sa douleu
- Page 86 and 87: CHAPITRE SEIZEJe déplace une main
- Page 88 and 89: CHAPITRE DIX-SEPTVoici l’histoire
- Page 92 and 93: de leurs données. Ma mère m’a d
- Page 94 and 95: Je devenais dingue chez les Fratern
- Page 96 and 97: - Cho-choootte, chantonne Marlene.-
- Page 98 and 99: le toit. La salle s’assombrit, co
- Page 100 and 101: CHAPITRE DIX-NEUFL’après-midi, j
- Page 102 and 103: - C’est surtout parce qu’à la
- Page 104 and 105: - Quoi ? fais-je.- Tu es une Diverg
- Page 106 and 107: CHAPITRE VINGTIl est sept heures du
- Page 108 and 109: En retournant à la cafétéria, je
- Page 110 and 111: agarre contre les Érudits avec un
- Page 112 and 113: cents mètres.J’attire le regard
- Page 114 and 115: CHAPITRE VINGT-DEUXShauna est couch
- Page 116 and 117: Ses yeux fuient les miens.- Je me d
- Page 118 and 119: CHAPITRE VINGT-TROISMoins de dix se
- Page 120 and 121: Il ne restait même pas assez d’A
- Page 122 and 123: Cara m’a repérée et me saisit p
- Page 124 and 125: Le temps que la bagarre se calme, i
- Page 126 and 127: - Désolé, je ne peux pas rester,
- Page 128 and 129: de leurs connaissances.Je m’appr
- Page 130 and 131: CHAPITRE VINGT-SIXJe suis réveill
- Page 132 and 133: Non, en effet.C’est un avertissem
- Page 134 and 135: énergie.- C’est déjà fait, mur
- Page 136 and 137: mes pas.Je passe par hasard devant
- Page 138 and 139: CHAPITRE VINGT-HUITIl s’endort le
- Page 140 and 141:
Je suis devant le siège des Érudi
- Page 142 and 143:
CHAPITRE VINGT-NEUFJ’ai oublié m
- Page 144 and 145:
- Je le savais en venant, dis-je. C
- Page 146 and 147:
Peter reste sur mes talons, prêt
- Page 148 and 149:
- Je crois qu’il est venu pour mo
- Page 150 and 151:
egard noir et son rire se transform
- Page 152 and 153:
CHAPITRE TRENTE ET UNCette nuit-là
- Page 154 and 155:
incapable d’inventer de nouveaux
- Page 156 and 157:
CHAPITRE TRENTE-DEUXÀ mon réveil,
- Page 158 and 159:
c’est la date que s’est fixée
- Page 160 and 161:
l’autre. Pas de nuances. Le monde
- Page 162 and 163:
Et je lance en haussant la voix :-
- Page 164 and 165:
serai honnête, généreuse et cour
- Page 166 and 167:
importe.Parvenue au bout du couloir
- Page 168 and 169:
Il est livide, presque jaune.J’ai
- Page 170 and 171:
- Je ne veux pas être redevable à
- Page 172 and 173:
- On va s’occuper de tes pieds, m
- Page 174 and 175:
jouée par une guitare ou un banjo.
- Page 176 and 177:
Je fronce les sourcils.- Ou peut-ê
- Page 178 and 179:
étaient au courant ?- On ne vient
- Page 180 and 181:
Malgré quelques cris de protestati
- Page 182 and 183:
CHAPITRE TRENTE-NEUF- Parfait. T’
- Page 184 and 185:
- Débile, tu disais ? lance-t-elle
- Page 186 and 187:
Elle nous emmène au centre de la s
- Page 188 and 189:
Johanna, les cheveux attachés, cro
- Page 190 and 191:
CHAPITRE QUARANTELes érudits ont r
- Page 192 and 193:
autres et s’en tenaient à concev
- Page 194 and 195:
CHAPITRE QUARANTE ET UNLe temps qu
- Page 196 and 197:
devant moi les Audacieux contrôlé
- Page 198 and 199:
CHAPITRE QUARANTE-DEUXSur mes instr
- Page 200 and 201:
- Oh, dit la femme. Cela ne semble
- Page 202 and 203:
Sa voix tremble et son arme oscille
- Page 204 and 205:
lampes. Leurs sanglots terrifiés r
- Page 206 and 207:
CHAPITRE QUARANTE-QUATRELa pièce s
- Page 208 and 209:
À peine ai-je décidé quelque cho
- Page 210 and 211:
CHAPITRE QUARANTE-CINQCette fois, j
- Page 212 and 213:
CHAPITRE QUARANTE-SIXAprès une pau
- Page 214 and 215:
Peter tourne la tête et son regard
- Page 216 and 217:
- Vous. Venez ici.La femme se lève
- Page 218 and 219:
demande :- Rien d’autre ?- Non.-
- Page 220 and 221:
éapparaît sur l’écran, derriè
- Page 222:
Vous avez aimé DIVERGENTE ? Décou
- Page 225 and 226:
Depuis que le ciel s’est chargé
- Page 227 and 228:
Une bouffée de chaleur balaya le v
- Page 229 and 230:
CHAPITRE 12PEREGRINELe temps que Pe
- Page 231 and 232:
- Je t’ai sauvé la vie. Deux foi
- Page 233:
Ce livre numérique a été convert