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manque la longueur requise.– Juste un détail, reprend Marcus. Joshua n’est pas un prénom d’Altruiste.– On s’en fiche. Personne ne fait la différen<strong>ce</strong>…Je distingue devant nous la lueur du siège des Fraternels, l’amas familier des constructions en boisnichées <strong>au</strong>tour de la serre. On traverse le verger. L’air sent la terre tiède.Je revois ma mère qui lève le bras pour cueillir une pomme ici même, il y a des années, un été où nousétions venus aider les Fraternels pour la cueillette. J’ai un pin<strong>ce</strong>ment <strong>au</strong> cœur, mais <strong>ce</strong> souvenir ne mesubmerge plus comme il y a quelques semaines. Peut-être par<strong>ce</strong> que j’accomplis <strong>ce</strong>tte mission pourl’honorer. Ou par<strong>ce</strong> que je redoute trop les moments à venir pour qu’il y ait vraiment de la pla<strong>ce</strong> pour lechagrin. En tout cas, quelque chose a changé.Marcus gare le pick-up derrière l’un des dortoirs. Je m’aperçois seulement maintenant qu’il n’y a pasde clé sur le contact.– Comment avez-vous fait pour démarrer ? lui demandé-je.– Mon père m’a montré pas mal de choses en mécanique et en in<strong>format</strong>ique. Et j’ai transmis <strong>ce</strong>sconnaissan<strong>ce</strong>s à mon fils. Tu t’imaginais qu’il avait appris tout seul à se servir d’un ordinateur ?– À vrai dire, oui.Je des<strong>ce</strong>nds du pick-up. L’herbe me chatouille les orteils et l’arrière des mollets. Christina hume l’airà pleins poumons.– C’est dingue <strong>ce</strong> que c’est différent ici. On pourrait presque oublier <strong>ce</strong> qui se passe là-bas, dit-elle endésignant du pou<strong>ce</strong> la direction de la ville.– Ils l’oublient souvent, commenté-je.– Mais eux, ils savent <strong>ce</strong> qu’il y a <strong>au</strong>-delà de la ville ? reprend-elle.– Ils en savent à peu près <strong>au</strong>tant que les gardes Audacieux, répond Marcus : que le monde extérieur estinconnu et potentiellement dangereux.– Comment êtes-vous <strong>au</strong> courant de <strong>ce</strong> qu’ils savent ? demandé-je.– Par<strong>ce</strong> que c’est <strong>ce</strong> que nous leur avons dit, réplique-t-il avant de se diriger vers la serre.Après avoir échangé un coup d’œil, on le rattrape <strong>au</strong> petit trot.– Vous pouvez être plus clair ? insisté-je.– Lorsqu’on détient la totalité des in<strong>format</strong>ions, on doit déterminer quelle part il est utile decommuniquer <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres. Les leaders Altruistes ont dit <strong>au</strong>x Fraternels <strong>ce</strong> qu’ils avaient à leur dire… Bon,j’espère que Johanna n’a pas changé ses habitudes. Normalement, à <strong>ce</strong>tte heure-ci, elle se trouve dans laserre.Il ouvre la porte. À l’intérieur, l’air est <strong>au</strong>ssi dense que la dernière fois, mais brumeux, <strong>au</strong>ssi.L’humidité me rafraîchit les joues.– Wouah, souffle Christina.L’endroit n’est éclairé que par le clair de lune, et la végétation se confond avec les structuresfabriquées par les hommes. Des feuilles me frôlent le visage tandis que je fais le tour de la serre. Puis jevois Johanna, accroupie devant un arbuste, un bol à la main, en train de cueillir <strong>ce</strong> qui doit être desframboises. Ses cheveux attachés laissent voir sa cicatri<strong>ce</strong>.– Je ne pensais pas te revoir ici, Beatri<strong>ce</strong>, me dit-elle.– Par<strong>ce</strong> que je suis <strong>ce</strong>nsée être morte, peut-être ?– Je m’attends souvent à <strong>ce</strong> que <strong>ce</strong>ux qui vivent avec des armes meurent par les armes, me répond-elle.De <strong>ce</strong>tte manière, je ne peux avoir que de bonnes surprises.Elle pose le bol en équilibre sur son genou et lève les yeux vers moi.– Mais je n’ai pas la naïveté de croire que tu es revenue pour le plaisir.– Non, en effet.– Bien, dit-elle en se levant. Dans <strong>ce</strong> cas, allons discuter.

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