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La zone qui sépare le siège des Érudits de <strong>ce</strong>lui des Audacieux paraît différente quand on la parcourtdans l’<strong>au</strong>tre sens. J’imagine que c’est d’<strong>au</strong>tant plus vrai lorsqu’on vient de tourner le dos à sa propremort.Au bout de la ruelle, Tobias se colle contre le bâtiment et se penche en avant, juste assez pour voir <strong>ce</strong>qui se passe derrière. Sans ciller, il avan<strong>ce</strong> un bras qu’il cale contre le mur et tire deux fois. Je mebouche les oreilles en essayant de ne pas songer à la salve de coups de feu et à <strong>ce</strong> qu’ils me rappellent.– Vite, nous intime Tobias.On dévale Wabash Avenue à toutes jambes, Peter d’abord, moi ensuite et Tobias en dernier. D’un coupd’œil par-dessus mon ép<strong>au</strong>le, je cherche <strong>ce</strong> sur quoi Tobias vient de tirer et je repère deux hommestouchés, derrière le siège des Érudits. L’un, à terre, ne bouge plus. L’<strong>au</strong>tre fon<strong>ce</strong> vers la porte en se tenantle bras. Il va chercher du renfort.J’ai l’esprit embrouillé, peut-être à c<strong>au</strong>se de l’épuisement, mais l’adrénaline me donne l’énergie pourcourir.– Prends le chemin le moins logique ! lan<strong>ce</strong> Tobias à Peter. Ils <strong>au</strong>ront plus de mal à nous retrouver !Peter vire à g<strong>au</strong>che pour s’enfon<strong>ce</strong>r dans une <strong>au</strong>tre ruelle, encombrée de cartons remplis de couvertureset d’oreillers sales – d’anciens abris de sans-faction, probablement. Il s<strong>au</strong>te par-dessus une caisse surlaquelle je trébuche avant de la projeter en arrière d’un coup de pied.Peter prend de nouve<strong>au</strong> à g<strong>au</strong>che <strong>au</strong> bout de la ruelle, vers les marais. On est de retour sur MichiganAvenue. En plein dans la ligne de mire du siège des Érudits, pour peu que quelqu’un ait l’idée deregarder par la fenêtre.– M<strong>au</strong>vaise idée ! crié-je.Peter prend la prochaine à droite. Au moins, ici, les rues sont dégagées – pas de nids-de-poule ni depanne<strong>au</strong>x couchés en travers de la ch<strong>au</strong>ssée. Mes poumons me brûlent comme si j’avais aspiré un gaztoxique. Je ne sens presque plus mes jambes, qui jusqu’ici me faisaient mal ; c’est toujours ça de gagné.Quelque part <strong>au</strong> loin, j’entends des cris.Une idée me traverse soudain l’esprit : le choix le moins logique serait d’arrêter de courir.J’attrape Peter par la manche pour l’attirer vers le bâtiment le plus proche. C’est un immeuble à cinqétages, à la façade quadrillée de larges fenêtres que divisent des piliers en briques. La première porteque j’essaie est fermée à clé. Tobias tire une balle dans la fenêtre la plus proche, passe la main à traversla vitre brisée et ouvre la porte de l’intérieur.L’endroit est vide. Pas une chaise ni une table. Et il y a bien trop de fenêtres. On gagne l’escalier desecours et je me cache en m’accroupissant sous les premières marches. Tobias s’assied à côté de moitandis que Peter nous fait fa<strong>ce</strong>, les genoux repliés sur la poitrine.Je tente de reprendre mon souffle et de me calmer, <strong>ce</strong> qui n’est pas facile. J’étais morte. Et ensuite jene l’étais plus. Et <strong>ce</strong>la grâ<strong>ce</strong> à Peter ?Je le dévisage. Il a toujours l’air <strong>au</strong>ssi inno<strong>ce</strong>nt, malgré tout <strong>ce</strong> qu’il a fait pour prouver le contraire.Ses cheveux sombres et brillants sont bien lissés sur son crâne ; on ne dirait pas qu’il vient de faire unsprint d’un kilomètre et demi. Ses yeux ronds scrutent la cage d’escalier avant de se poser sur moi.– Quoi ? me demande-t-il. Pourquoi tu me regardes comme ça ?– Comment tu as fait ?– Ça n’a pas été si compliqué que ça. J’ai teinté un sérum paralysant en violet et je l’ai substitué <strong>au</strong>sérum létal. J’ai remplacé le fil <strong>ce</strong>nsé lire ton rythme cardiaque par un fil débranché. Le moniteurcardiaque m’a donné plus de mal. J’ai dû me faire aider par un Érudit pour les histoires detélécommande – je te passe les détails, <strong>ce</strong> serait trop technique pour toi.– Pourquoi tu l’as fait ? Tu rêves de me voir morte. Tu étais prêt à me tuer de tes propres mains.Qu’est-<strong>ce</strong> qui a changé ?Il serre les lèvres et me regarde un long moment en silen<strong>ce</strong>. Enfin, il ouvre la bouche, hésite et dit :

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