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– Je ne veux pas être redevable à qui que <strong>ce</strong> soit. OK ? L’idée que je te devais un truc, ça me rendaitmalade. Ça me réveillait en pleine nuit avec l’envie de vomir. Avoir une dette envers une Pète-sec ?Pitié. Tout mais pas ça.– Qu’est-<strong>ce</strong> que tu racontes ? De quelle dette parles-tu ?Il fait rouler ses yeux.– Dans l’en<strong>ce</strong>inte des Fraternels, quand quelqu’un m’a tiré dessus et que la balle est passée <strong>au</strong> nive<strong>au</strong>de ma tête. Elle m’<strong>au</strong>rait touché pile entre les deux yeux. Et tu m’as poussé pour m’écarter de latrajectoire. Avant ça, on était à égalité – j’ai failli te tuer pendant l’initiation, tu as failli me tuer pendantl’attaque sous simulation. Zéro partout, OK ? Mais après…– T’es complètement malade, lui dit Tobias. Le monde ne marche comme ça, en comptant les pointsentre les gens.Peter lève les sourcils.– Ah non ? Je ne sais pas dans quel monde tu vis, toi, mais dans le mien, les gens n’ont que deuxraisons de faire un truc pour toi. Soit ils attendent quelque chose en retour, soit ils ont le sentiment qu’ilste le doivent.– Il y a d’<strong>au</strong>tres raisons d’aider les <strong>au</strong>tres, objecté-je. On peut agir par amour. Bon, peut-être pas pourtoi, mais…Peter ricane dou<strong>ce</strong>ment.– C’est pile le genre de délire qu’on peut attendre d’une Pète-sec.– Dans <strong>ce</strong> cas, reprend Tobias, on a intérêt à faire en sorte que tu nous doives toujours quelque chose,ou tu fileras vers le premier qui te proposera un meilleur marché.– Ouais, confirme Peter. C’est assez bien résumé.Je secoue la tête. Je ne peux pas m’imaginer vivre comme ça, en faisant le compte permanent de <strong>ce</strong> quim’a été donné et de <strong>ce</strong> que je devrais en retour, incapable d’amour, de loy<strong>au</strong>té ou de pardon, comme unborgne qui chercherait quelqu’un d’<strong>au</strong>tre à éborgner à son tour. C’est une version décolorée de la vie. Jeme demande où on lui a inculqué une telle con<strong>ce</strong>ption des rapports humains.– Quand est-<strong>ce</strong> qu’on va pouvoir sortir de là, à votre avis ? demande Peter.– Dans environ deux heures, répond Tobias. On devrait aller chez les Altruistes. C’est là qu’ont dû seregrouper les sans-faction et les Audacieux qui n’ont pas reçu d’implant de simulation.– Génial, grogne Peter.Tobias met un bras <strong>au</strong>tour de moi. J’appuie la joue sur son ép<strong>au</strong>le et je ferme les yeux pour ne plusavoir à regarder Peter. Je sais qu’on a des tas de choses à se dire, même si je ne sais pas précisémentquoi. Mais <strong>ce</strong> n’est ni le lieu ni le moment.***En parcourant les rues de mon ancien quartier, je sens les conversations s’éteindre sur mon passage etles regards coller à mon visage et à mon corps. Pour <strong>au</strong>tant qu’ils le sachent – et je suis sûre que Jeaninea trouvé le moyen de le leur faire savoir –, je devais mourir il y a moins de six heures. Parmi les sansfactionque je croise, <strong>ce</strong>rtains ont le bras marqué par des taches bleuâtres. Ils sont prêts pour lasimulation.Maintenant qu’on est là, sains et s<strong>au</strong>fs, je me rends compte que je me suis tailladé les pieds en courantsur les trottoirs et les éclats de verre. Ça me lan<strong>ce</strong> à chaque pas. Je préfère me con<strong>ce</strong>ntrer là-dessus plutôt

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