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simulation de sommeil pas si différente de <strong>ce</strong>lle qui les a poussés à tuer des Altruistes il y a moins d’unmois.Notre faction est la seule sus<strong>ce</strong>ptible de se diviser ainsi. Les Fraternels ne toléreraient pas un schisme ;<strong>au</strong>cun Altruiste ne serait assez égoïste pour <strong>ce</strong>la ; les Sincères discuteraient jusqu’à se mettre d’accord ;et même les Érudits ne feraient jamais quelque chose d’<strong>au</strong>ssi irrationnel. C’est vrai, on est la faction laplus cruelle.J’enjambe une femme à la bouche grande ouverte, puis un bras, en fredonnant tout bas les vers suivantsde la chanson :Les Érudits sont les plus froids…La connaissan<strong>ce</strong> a un prix…Je me demande quand Jeanine a mesuré à quel point l’association Audacieux-Érudits pouvait êtreredoutable. Visiblement, en combinant un caractère implacable à une logique froide, on peut accomplir àpeu près tout <strong>ce</strong> qu’on veut, y compris endormir une faction entière et la moitié d’une <strong>au</strong>tre.Je scrute les corps et les visages sur mon passage, à l’affût d’une respiration irrégulière, d’unmouvement infime, n’importe quoi qui indiquerait qu’une des personnes allongées par terre fait justesemblant d’être inconsciente. Jusqu’ici, rien que des souffles calmes et des p<strong>au</strong>pières immobiles. Il n’y apeut-être pas de Divergents chez les Sincères.– Eric !Le cri vient du bout du couloir, devant moi. Je retiens mon souffle en entendant Eric arriver dans mondos. J’essaie de rester immobile. Si je bouge, il va me regarder et me reconnaître. Je le sais. Je baisse lesyeux, tendue <strong>au</strong> point que j’en tremble. Ne me regarde pas ne me regarde pas ne me regarde pas…Il passe devant moi et s’éloigne vers la g<strong>au</strong>che, en direction du cri. Je devrais me dépêcher dereprendre mes recherches, mais la curiosité l’emporte et me pousse vers <strong>ce</strong>lui qui a appelé. Le crisemblait pressant.En relevant les yeux, je vois un soldat Audacieux qui se dresse devant une femme à genoux. Les mainsderrière la tête, elle porte un chemisier blanc et une jupe noire. Même de profil, le sourire d’Eric aquelque chose de carnassier.– Une Divergente, dit-il. Bien joué. Conduis-la <strong>au</strong>x as<strong>ce</strong>nseurs. On triera plus tard <strong>ce</strong>ux qu’on tue et<strong>ce</strong>ux qu’on emmène.Le soldat saisit la femme par sa queue-de-cheval et commen<strong>ce</strong> à la traîner derrière lui. Elle crie etréussit à se relever, pliée en deux. J’essaie d’avaler ma salive, mais c’est comme si j’avais une grosseboule coincée dans la gorge.Eric s’éloigne dans le couloir. Je me for<strong>ce</strong> à ne pas regarder la femme quand elle passe en trébuchantdevant moi, les cheveux toujours pris dans le poing du soldat Audacieux.Depuis le temps, je connais le fonctionnement de la terreur : je la laisse me submerger quelquessecondes, avant de passer à l’action.Un… deux… trois…Je me remets en marche d’un pas décidé. Ça me prend trop de temps d’examiner chaque personne pourvoir si elle est éveillée. À la suivante que je croise, je marche sur son petit doigt ; pas de réaction, pasmême un tressaillement. Je fais pareil pour <strong>ce</strong>lle d’après. Toujours rien.Un cri me parvient d’un lointain couloir :– J’en ai un !Prise d’un accès de fébrilité, je me mets à s<strong>au</strong>ter d’un corps à l’<strong>au</strong>tre, hommes, femmes, enfants,adoles<strong>ce</strong>nts, vieillards, marchant sur des doigts, des ventres, des chevilles, en quête d’un signe dedouleur. Je joue à cache-cache avec les Divergents, s<strong>au</strong>f que je ne suis pas la seule qui soit lancée à leurrecherche.Soudain, en écrasant le petit doigt d’une fille Sincère, je la vois grima<strong>ce</strong>r. À peine – elle parvient

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