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– Attention où tu marches, m’avertit l’un d’eux. Les planches sont disjointes ici.Ma tête bourdonne, signe que je suis en train de me calmer. Le Fraternel <strong>au</strong>x cheveux gris ouvre uneporte sur la g<strong>au</strong>che, sur laquelle je lis : « Salle des conflits ».– Vous me mettez à l’isolement, c’est ça ? grogné-je.Ce serait typique des Fraternels : m’isoler, avant de me montrer la technique des respirationspurifiantes ou des pensées positives.La piè<strong>ce</strong> est si lumineuse que je dois plisser les yeux. Le mur d’en fa<strong>ce</strong> est percé de larges fenêtresdonnant sur le verger. Malgré <strong>ce</strong>la, elle paraît confinée, sans doute par<strong>ce</strong> que le plafond, comme le sol etles murs, est tapissé de lambris.– Assieds-toi, s’il te plaît, m’enjoint l’homme <strong>au</strong>x cheveux gris en me désignant un tabouret <strong>au</strong> milieude la piè<strong>ce</strong>.Comme tout le mobilier de l’en<strong>ce</strong>inte, il est en bois brut, massif, et donne l’impression d’être enracinédans le sol. Je reste debout.– La bagarre est terminée, dis-je. Je ne le ferai plus. En tout cas, pas ici.– Nous devons appliquer le protocole, insiste le plus jeune. Assieds-toi, s’il te plaît ; on va discuter de<strong>ce</strong> qui s’est passé. Ensuite, on te laissera partir.C’est fou comme ils parlent dou<strong>ce</strong>ment. Pas avec des voix étouffées, comme les Altruistes quichuchotent toujours comme s’ils étaient dans une église, de peur de gêner les <strong>au</strong>tres. Leurs voix sontdou<strong>ce</strong>s, graves, apaisantes… Je me demande tout à coup si ça fait partie de la <strong>format</strong>ion de leurs novi<strong>ce</strong>s.Si on leur apprend à parler, à bouger, à sourire de la manière la plus propi<strong>ce</strong> à favoriser la paix.Je m’assieds à contrecœur, les fesses <strong>au</strong> bord du tabouret, pour pouvoir me relever rapidement siné<strong>ce</strong>ssaire. Le plus jeune reste debout devant moi. Le parquet craque dans mon dos et je regarde pardessusmon ép<strong>au</strong>le. Le plus âgé bricole quelque chose sur une tablette.– Qu’est-<strong>ce</strong> que vous faites ?– Je prépare du thé.– Je ne pense pas qu’on règle le problème avec du thé.– Alors, explique-nous, intervient le plus jeune en ramenant mon attention vers lui. Quelle est lasolution, à ton avis ?Il me sourit.– Renvoyer Peter de <strong>ce</strong>tte en<strong>ce</strong>inte.– Il me semble, dit-il dou<strong>ce</strong>ment, que c’est toi qui l’as attaqué. Et même, que c’est toi qui lui as tirédans le bras.– Vous n’imaginez pas <strong>ce</strong> qu’il a fait pour mériter ça.Mes joues me brûlent et mon cœur s’emballe.– Il a essayé de me tuer. Et… et il a poignardé quelqu’un dans l’œil… avec un coute<strong>au</strong> à beurre. Il estcapable de tout. Je n’ai fait que me défendre en…Je sens une piqûre aiguë dans mon cou. Des points noirs obscurcissent l’image de l’homme et memasquent son visage.– Je suis désolé, dit-il, nous ne faisons qu’appliquer le protocole.Le plus âgé tient une seringue, contenant encore quelques gouttes du produit qu’il vient de m’injecter. Ilest vert pré, couleur d’herbe. Je bats rapidement des p<strong>au</strong>pières et les taches sombres disparaissent ; maistout oscille devant moi, comme si je me balançais dans un rocking-chair.– Comment te sens-tu ? s’enquiert le plus jeune.– Je me sens…J’allais dire « en colère ». En colère contre Peter, contre les Fraternels. Mais c’est f<strong>au</strong>x, non ? Jesouris.– Je me sens bien. Un peu… un peu comme si je flottais. Ou comme si je tanguais. Et vous, vous vous

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