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– Tout <strong>ce</strong> que vous voudrez, fais-je.***Quelqu’un me secoue l’ép<strong>au</strong>le et je me réveille en surs<strong>au</strong>t. Je tourne la tête dans tous les sens, les yeuxécarquillés, et je découvre Tobias accroupi à côté de moi. Il porte une veste de traître Audacieux et lecôté g<strong>au</strong>che de son visage est couvert de sang. Le h<strong>au</strong>t de son oreille a été arraché. Je tressaille.– Qu’est-<strong>ce</strong> qui se passe ? demandé-je.– Lève-toi. On doit courir.– C’est trop tôt, objecté-je. Ça ne fait pas deux semaines.– Je n’ai pas le temps de t’expliquer. Viens.– Oh, Tobias. Enfin tu es là.Je me redresse et me serre contre lui en fourrant mon visage <strong>au</strong> creux de son cou. Ses bras se refermentsur moi. Je suis traversée par une vague de chaleur et de soulagement. S’il est là, c’est que je suis s<strong>au</strong>vée.Sa pe<strong>au</strong> est glissante, mouillée par mes larmes.Il se lève en m’entraînant avec lui, réveillant la douleur dans mon ép<strong>au</strong>le.– Les renforts ne vont pas tarder à arriver. On ne doit pas traîner.Je me laisse guider. On parcourt le premier couloir sans encombre. Dans le suivant, on tombe sur deuxgardes Audacieux, un jeune et une femme <strong>au</strong>tour de la quarantaine. Tobias tire deux coups suc<strong>ce</strong>ssifs etses deux balles font mouche : le jeune est touché à la tête et la femme, blessée à la poitrine, s’affalecontre le mur.On poursuit notre course. Un couloir, puis un <strong>au</strong>tre – ils sont tous pareils. Tobias n’a pas desserré saprise sur ma main. Lors de l’initiation, il a effleuré mon oreille exprès avec un coute<strong>au</strong> – d’un gesteparfaitement maîtrisé. Je le sais capable de viser avec précision les soldats Audacieux qui tenteront denous arrêter. On enjambe des corps – sans doute des gens qu’il a tués en arrivant – jusqu’à <strong>ce</strong> qu’onatteigne une issue.Tobias me lâche la main pour ouvrir la porte, déclenchant l’alarme in<strong>ce</strong>ndie. On court toujours. Jemanque d’air, mais peu importe. Tout <strong>ce</strong> qui compte, c’est que je suis en train de m’évader et que <strong>ce</strong>c<strong>au</strong>chemar est enfin terminé. Ma vision commen<strong>ce</strong> à s’obscurcir et je m’agrippe <strong>au</strong> bras de Tobias, melaissant guider vers le bas de l’escalier.Il n’y a plus de marches sous mes pieds. Ouvrant les yeux, je vois Tobias qui s’apprête à ouvrir laporte de sortie et je le retiens d’un geste.– Je dois… reprendre mon souffle.Il s’arrête et je me plie en deux, les mains sur les genoux. J’ai toujours mal à l’ép<strong>au</strong>le. Je lève les yeuxsur lui, les sourcils froncés.– Viens, il f<strong>au</strong>t qu’on sorte d’ici, dit-il d’un ton pressant.Mon ventre se noue. Je fixe ses yeux, bleu sombre avec une tache plus claire dans l’iris g<strong>au</strong>che. Jeprends son menton entre mes doigts, j’attire ses lèvres sur les miennes, je l’embrasse lentement et jem’écarte avec un soupir.– On ne peut pas sortir d’ici, dis-je. On est dans une simulation.Il me relève en me tirant par la main droite. Le vrai Tobias se serait rappelé ma blessure à l’ép<strong>au</strong>le.– Quoi ? fait-il avec m<strong>au</strong>vaise humeur. Tu ne crois pas que je le s<strong>au</strong>rais si j’étais dans une simulation ?– Tu n’es pas dans une simulation. Tu es la simulation.