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du plate<strong>au</strong>.– Je vous propose un marché, déclaré-je. Si je coopère, vous me montrez les scans.– Tu coopéreras, que tu le veuilles ou non.Je lève un doigt.– F<strong>au</strong>x.Je me tourne vers le miroir. Je n’ai pas de mal à imaginer que je parle à Jeanine quand je m’adresse àmon reflet. Je suis blonde comme elle ; on a toutes les deux le teint pâle et une allure <strong>au</strong>stère. Cettepensée est si dérangeante que je perds le fil de mes idées et je reste là, le doigt en l’air.J’ai la pe<strong>au</strong> et les cheveux clairs, un physique froid ; je suis curieuse de voir les images de mon<strong>ce</strong>rve<strong>au</strong> : je suis comme Jeanine. Voilà un élément que je peux mépriser, refuser, effa<strong>ce</strong>r… ou exploiter.Je m’éclaircis la voix.– F<strong>au</strong>x, répété-je. Quelles que soient les contraintes que vous utiliserez, vous ne pourrez pasm’immobiliser suffisamment pour obtenir des images nettes. Je veux voir les images. De toute façon, vousallez me tuer. Alors, qu’est-<strong>ce</strong> que ça peut vous faire si j’apprends des choses sur mon <strong>ce</strong>rve<strong>au</strong> ?Silen<strong>ce</strong>.– Pourquoi tiens-tu tant à les voir ? me demande-t-elle enfin.– Vous êtes mieux placée que n’importe qui pour comprendre. Je vous rappelle que j’ai <strong>au</strong>tantd’aptitudes pour les Érudits que pour les Audacieux et les Altruistes.– Très bien. Tu pourras les voir. Allonge-toi.Je m’approche du plate<strong>au</strong> et je m’exécute. Le métal est glacial. Le plate<strong>au</strong> commen<strong>ce</strong> à glisser et je meretrouve à l’intérieur de la machine. Je ne vois que du blanc. Quand j’étais petite, c’est comme ça quej’imaginais le paradis, rien que de la lumière blanche partout. Maintenant, je sais que c’est impossible,par<strong>ce</strong> que la lumière blanche a quelque chose de menaçant.J’entends des coups sourds et je ferme les yeux en me rappelant soudain l’un des obstacles de monpaysage des peurs, les poings qui cognaient sur mes fenêtres et les aveugles qui voulaient m’enlever. Jeme raconte que les coups sourds sont des battements de cœur, des battements de tambour. La rivière quis’écrase sur les parois du gouffre dans l’en<strong>ce</strong>inte des Audacieux. Les pieds qui frappent le sol lors de lacérémonie de clôture de l’initiation, ou <strong>ce</strong>ux qui martèlent les marches de l’escalier après la cérémoniedu Choix.J’ignore combien de temps s’est écoulé quand les coups <strong>ce</strong>ssent et que le plate<strong>au</strong> ressort de la machine.Je m’assieds en me massant la nuque.La porte s’ouvre et je vois Peter dans le couloir, qui me fait signe.– Viens. Tu peux voir tes images, maintenant.Je des<strong>ce</strong>nds du plate<strong>au</strong> et je le rejoins. Il me regarde en secouant la tête.– Quoi ? demandé-je.– Je ne comprends pas comment tu fais pour toujours obtenir <strong>ce</strong> que tu veux.– Bien sûr, par<strong>ce</strong> que c’est moi qui ai voulu être enfermée dans une <strong>ce</strong>llule <strong>au</strong> siège des Érudits, et mefaire exécuter.Je parle d’un ton détaché, comme si les exécutions faisaient partie de mon programme hebdomadaire.Mais je frémis en articulant le mot. Je croise les bras sur ma poitrine pour faire croire que c’était unfrisson de froid.– Il f<strong>au</strong>t croire, me fait-il. Tu es venue de ton propre chef, non ? Ce n’est pas <strong>ce</strong> que j’appelle fairepreuve d’un bon instinct de survie.Il tape une série de chiffres sur un pavé numérique devant la porte suivante, qui s’ouvre. J’entre dans lapiè<strong>ce</strong> qui se trouve de l’<strong>au</strong>tre côté du miroir. Elle est remplie d’écrans et de lumière, qui se reflète sur leslunettes des Érudits. Au fond de la salle, une porte se referme avec un déclic. Devant un écran, il y a unsiège vide qui tourne encore sur son pivot. Quelqu’un vient de sortir.

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